Crise libyenne. Annonce à Bouznika d’un compromis sur les lois électorales

 Crise libyenne. Annonce à Bouznika d’un compromis sur les lois électorales

Le chef de la délégation libyenne à la Chambre des représentants, Jalal Salah Abd Assalam (G), le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et le chef de la délégation libyenne au Conseil suprême de l’Etat, Omar Mohamed Aboulifa (D), assistent à une réunion de la commission mixte de la Chambre des représentants libyenne, le 7 juin 2023 à Bouznika. FADEL SENNA / AFP

La commission mixte “6+6”, chargée par la Chambre des représentants et le conseil d’État libyens de préparer les lois électorales, a annoncé, mercredi 7 juin à Bouznika, que ses membres sont parvenus, au terme de deux semaines de réunions au Maroc, à un compromis au sujet des lois régissant les élections présidentielles et parlementaires prévues en fin d’année.

L’accord définitif au sujet de ces lois sera débattu dans les prochains jours en présence des présidents de la Chambre des représentants et du conseil d’État libyens, a indiqué Jalal Shwehdi, membre de la Chambre des représentants, lors de la séance de clôture des travaux de la commission 6+6, à laquelle ont pris part, Omar Abu Lifa, membre du Haut conseil d’État et Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger. M. Abu Lifa a affirmé que les membres de la commission sont parvenus à un compromis sur l’ensemble des points de divergence relatifs aux lois électorales, précisant que deux lois ont été élaborées, dont la première concerne l’élection du Parlement (Chambre des représentants et Sénat), alors que le deuxième texte porte sur l’élection du chef de l’État. Il ne reste que la publication officielle des lois par la Chambre des représentants telle que stipulée par l’amendement 13 de la déclaration constitutionnelle pour entamer le processus électoral.

Un compromis sans aucune ingérence étrangère

Les points en suspens ont fait l’objet d’un compromis sans aucune ingérence étrangère, a-t-il précisé, expliquant que ces lois n’interdisent à aucune personne de participer au processus électoral et ne prévoient pas d’exclusion, de même qu’elles offrent l’opportunité aux partis politiques de jouer un rôle fondamental dans le processus électoral. Les deux lois appuient une participation agissante de la femme dans la Chambre des représentants et le Sénat et élargissent la représentativité régionale du pays, puisque toutes les zones reculées et les villages sont représentés au parlement. M. Abu Lifa a, en outre, exprimé sa reconnaissance et sa gratitude au Maroc qui a fortement appuyé la mission de la commission, relevant que les “efforts réussis” du Royaume ont largement favorisé l’accomplissement de cette mission.

Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, a affirmé à Bouznika, que le dialogue a abouti à un compromis sur l’organisation des élections législatives et présidentielle et  qu’il sera procédé à la signature officielle de ces lois dans les jours à venir, soulignant que les compromis entre les parties libyennes nécessitent un accompagnement en vue d’apporter davantage de précisions à certaines questions et de s’accorder sur certains détails en vue d’une mise en œuvre harmonieuse de ces lois. L’objectif de l’accord ne sera pas atteint si celui-ci n’est pas accompagné d’une réelle volonté politique visant l’application de ces dispositions, a-t-il soutenu, faisant part de son souhait que ces lois soient un début du processus d’organisation des élections, du règlement de la question de la légitimité en Libye et de mise en place des institutions légitimes qui oeuvrent en faveur des Libyens et de la préservation des intérêts du pays.

La réunion de Bouznika s’inscrit dans le prolongement de la série de rencontres qu’abrite le Royaume, réunissant les différentes parties libyennes en vue d’approfondir le dialogue sur les voies et moyens à même de mener au règlement de la crise dans ce pays, suivant une approche qui fournit l’espace idoine pour le dialogue et la concertation constructive. Ces réunions avaient donné lieu à d’importants accords favorables au processus de règlement, à leur tête l’accord de Skhirat (2015), l’accord entre le président de la Chambre des représentants, Aguila Saleh, et le président du Haut Conseil d’État libyen, Khaled al-Michri en octobre 2022 sur la mise en œuvre des résultats du processus de Bouznika concernant les postes de souveraineté et l’unification du pouvoir exécutif.

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Mohamed El Hamraoui