Democracy Index 2022 : La Tunisie chute lourdement

 Democracy Index 2022 : La Tunisie chute lourdement

La Tunisie continue sa chute et perd encore 10 places dans le Democracy Index 2022.

La Tunisie, longtemps espoir de démocratisation de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, poursuit sa chute dans le classement mondial de la démocratie. Une tendance que le virage autoritaire de la politique du président Kais Saied devrait confirmer dans les prochaines éditions du Democracy Index que publie chaque année le groupe de réflexion The Economist Unit.

Après avoir passé 7 ans dans la catégorie des « démocraties imparfaites » du Democracy Index (lien en anglais), la Tunisie avait rechuté en 2021 dans celle des « régimes hybrides ». Une catégorie que les auteurs de l’enquête qualifient comme des pays ayant « des éléments de la démocratie, mais qui souffrent de faiblesses plus prononcées » qui les rendent inéligibles pour une catégorie supérieure. Le cru 2022 confirme cette baisse. Pire, la chute s’accélère. La Tunisie se classe 85e sur 167 (-10 places) et fait partie des 10 pires performances de l’année, aux côtés de la Russie, du Burkina Faso ou encore de l’Irak.

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« L’an dernier, nous avons rétrogradé la Tunisie (…) dans un contexte de détérioration marquée des résultats du pays à la suite d’un coup d’État constitutionnel dirigé par le président, Kais Saied, en juillet 2021 », explique The Economist Unit, dans son communiqué. Une mesure qui a « marqué la fin de la transition de la Tunisie vers la démocratie ». « Le contrôle présidentiel sur les leviers du pouvoir en Tunisie s’est encore consolidé en 2022, entraînant une baisse des libertés civiles, des processus électoraux et du pluralisme en Tunisie », ajoutent les auteurs.

En effet, M. Saied a ordonné la dissolution du Conseil Supérieur de la Magistrature, révoqué le Parlement et pris le contrôle de l’Instance Supérieure pour les Élections. La tenue du référendum constitutionnel – marquée par une très faible participation – a formalisé le passage de la Tunisie d’une démocratie parlementaire à un modèle centré sur la suprématie présidentielle. De nombreuses voix d’opposition ont en outre été poursuivies et arrêtées.

 

L’Europe devant, le Moyen-Orient derrière

Malgré ce recul, la Tunisie reste le meilleur élève arabe et le deuxième de la région MENA, derrière Israël. Ce dernier, au 29e rang mondial, recule également fortement en 2022 (-7 places). Sur la troisième marche régionale, le Maroc est le seul autre « régime hybride » avec un score et une position inchangée par rapport à 2021.

Tous les autres pays de la région MENA sont des « régimes autoritaires ». La région est d’ailleurs en queue de peloton sur tous les indicateurs mesurés. Plusieurs de ces pays occupent d’ailleurs le bas du classement mondial : Libye (151e), Iran (154e), Yémen (155e) ou encore Syrie (163e). La région MENA est même la seule à enregistrer une détérioration notable de sa moyenne.

À l’opposé, l’Europe du Nord domine la tête du classement : Norvège (1re), Islande (3e), Suède (4e), Finlande (5e) et Danemark (6e). Seul intrus, la Nouvelle-Zélande conserve sa 2e place dans ce tir groupé européen. Suivent ensuite une majorité de pays du Vieux Continent (Suisse, Irlande, Luxembourg, Allemagne), mais aussi Taiwan (10e), l’Uruguay (11e) et le Canada (12e). La France arrive quant à elle en 22e place, retrouvant ainsi son statut de « démocratie plénière ».

Rached Cherif