Exit les règles douloureuses !

 Exit les règles douloureuses !

Amrita


Ferdaous El Benni et Asma Hassoune ont mis au point une ceinture pour apaiser les douleurs menstruelles. Plusieurs fois primées, les deux étudiantes de 23 et 24 ans espèrent désormais commercialiser ce produit


Tout a commencé quand Ferdaous El Benni, Franco-Marocaine de 23 ans, et Asma Hassoune, Franco-­Syrienne de 24 ans, ont discuté de leurs “ragnagnas”. Ces deux étudiantes originaires d’Orléans, l’une en master de chimie, l’autre en communication, étaient en stage à Marrakech dans la même entreprise de cosmétique et partageaient le même appartement.


C’est là qu’avec leurs collègues et colocataires femmes, elles se sont rendues compte d’un problème récurrent et peu pris en charge : les douleurs menstruelles. Chaque femme essaye de les gérer comme elle le peut, avec diverses méthodes. “Moi c’était plutôt les médicaments, Asma, plutôt les bouillottes et les huiles essentielles”, confie Ferdaous El Benni. Marrakech est le lieu de leur première étude de marché. Celle qui leur donne le déclic. “Tellement de femmes ont des douleurs pendant les règles. Déjà, en France, c’est compliqué, mais au Maroc…”


 


Lauréates de Talents des cités 2019


Les deux acolytes réfléchissent à une solution. Un massage, des huiles essentielles ou encore une culotte… Pas Convaincant. Elles veulent concevoir un produit hygiénique et facile d’entretien, ne nécessitant pas d’être lavé après chaque utilisation. L’idée d’une ceinture fait alors son chemin.


“Au départ, c’était un peu flou, mais on a affiné notre projet avec des professionnels en France”, raconte la Franco-Marocaine. Leur statut d’étudiante leur donne accès à des formations en comptabilité, en commerce, mais aussi à des bourses et, enfin, à des prix. “J’habite une cité d’Orléans. Grâce à cela, on a pu participer au concours ­Talents des cités 2019 (qui récompense depuis 2002 30 entrepreneurs des quartiers populaires, ndlr).”


Lauréates, elles remportent aussi le Pépite France Challenge, un réseau d’étudiants entrepreneurs. Leur prototype convainc partout où elles passent. “Notre ceinture a trois fonctions : massante, apaisante, chauffante, explique Ferdaous El Benni. On voulait utiliser des méthodes traditionnelles et la rendre transportable, utilisable n’importe où, à tout moment.” Le cosmétotextile créé par les jeunes entrepreneuses ­produit de la chaleur tout en diffusant un principe actif moins agressif que les huiles essentielles. Mais la recette exacte est, pour le moment, confidentielle.


 


En quête d’une reconnaissance médicale


Les deux jeunes femmes travaillent notamment en partenariat avec des médecins, afin de faire homologuer la ceinture et la commercialiser d’ici 2020, d’abord sur le site internet amrita.fr – du nom de la ceinture –, puis dans les pharmacies, voire chez les gynécologues, si l’aspect médical est reconnu. “On souhaite faire en sorte que cet épisode biologique, naturel, ne soit plus quelque chose de contraignant pour les femmes,affirme Ferdaous El Benni. On veut leur permettre de vivre avec leurs règles en leur proposant une solution adéquate qui ne soit pas nuisible à leur santé. Oui, les femmes ont des cycles naturels, et ça n’est pas une tare !”

Nadia Sweeny