Migration : Frontex a admis avoir gonflé les chiffres des arrivées de réfugiés

 Migration : Frontex a admis avoir gonflé les chiffres des arrivées de réfugiés

Frontex a pu comptabiliser plusieurs fois les mêmes personnes


Interpellée par un chercheur britannique, l’agence européenne de surveillance des frontières, Frontex, a admis que les chiffres qu’elle communique surestiment le nombre de personnes arrivées en Europe depuis le début de la crise migratoire. Une manipulation visant vraisemblablement à doter l’agence de moyens supplémentaires.


 


Mi-octobre, Frontex a indiqué avoir comptabilisé plus de 710 000 migrants, soit près de trois fois plus que pour toute l’année 2014, au grand étonnement de Nando Sigona, chercheur à l’Université de Birmingham. Sur Twitter, l’universitaire a interpelé l’agence européenne de surveillance des frontières, qui a dû s’expliquer sur ses données, selon le journal suisse Le Matin.


Ce chiffre ne représente pas des personnes, mais tous les franchissements des frontières extérieures de l’Union européenne, a expliqué Frontex. Un même individu peut donc être comptabilisé plusieurs fois sur la route des Balkans, s’il a par été pris en compte à son arrivée en Grèce, puis à son entrée en Hongrie.


Une surestimation grossière qui « va en tout cas dans le sens de ses intérêts (…) Plus elle comptabilise de passages, plus elle obtient de moyens et plus elle est crédible en tant qu’agence », explique le même journal Emmanuel Blanchard, président du réseau de militants et de chercheurs Migreurop.


Or, ce sont ces chiffres record qui alimentent en Europe le sentiment d’invasion. Même s’il y a un flux probablement sans précédent de personnes tentant de trouver refuge dans l’Union européenne, le nombre réel de ces demandeurs d’asile pourrait donc être largement inférieur au total communiqué par Frontex. La méthode utilisée par l’agence pour gonfler les chiffres avait d’ailleurs déjà été utilisée en 2012 lorsqu’elle comptabilisait aux frontières grecques « les travailleurs saisonniers albanais qui entraient et sortaient », rappelle Cristina Del Biaggio, maître-assistante en géographie à l’Université de Fribourg.


Rached Cherif

Rached Cherif