Concert de solidarité pour les prisonniers palestiniens en grève de la faim

 Concert de solidarité pour les prisonniers palestiniens en grève de la faim

Kery James


Depuis plus de deux semaines, des centaines de prisonniers palestiniens font une grève de la faim pour manifester contre les conditions dans lesquelles ils sont détenus dans les prisons israéliennes.  Ce soir (3 mai), à l'appel de plusieurs associations des soutien de la cause palestinienne, un concert de solidarité aura lieu à Paris. Le but : braquer les projecteurs sur la lutte de ces prisonniers et faire réagir le gouvernement français.


Intox ?


Pour ce concert de solidarité, des artistes solidaires de la cause palestinienne seront sur scène comme Kery James ou encore Medine. Artistes engagés qui seront présents « sans prendre de cachets » nous assure l'Association France Palestine Solidarité (AFPS). L'aura de ces artistes suffira-t-il à relancer  l'intérêt pour le sort des centaines de prisonniers palestiniens en grève de la faim dans les prisons israéliennes ?


D'autant plus qu'en face, le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Gilad Erdan, affirmait que 300 prisonniers auraient stoppé leur grève de la faim sans qu'aucune revendication n'ait été satisfaite.


Jean-Paul Roche, vice-président de l'AFPS, réagit : « C'est une forme d'intox ! Il est extrêmement difficile d'avoir des éléments fiables et en temps réel donc nous ne sommes pas en état de confirmer. C'est tout à fait possible que des prisonniers aient arrêté leur grève de la faim et nous n'avons rien à leur dire. Ce qu'on sait c'est que Marwan Barghouti n'est pas en bonne santé. Il reste très déterminé et estime pouvoir continuer sa grève sans avoir besoin de soin. la seule alimentation qu'il prend c'est de l'eau salée ou légèrement sucrée ». Les chiffres sont donc à prendre avec des pincettes mais selon l'autorité palestinienne, 1500 prisonniers seraient en grève de la faim.


 


Situation illégale


« Dans la quasi-totalité des cas il s'agit de personnes arrêtées en Cisjordanie, et qui à ce titre ne devraient pas être enfermées en Israël, c'est interdit par la quatrième convention de Genève » selon le vice-président de l'AFPS. Une situation dénoncée également par Amnesty internationale : « C'est une pratique illégale et cruelle, et les conséquences pour le détenu et ses proches, qui sont souvent privés de la possibilité de le voir pendant des mois, voire des années, peuvent s’avérer dévastatrices » s'indignait Magdalena Mughrabi, directrice régionale adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International. Le fait d'être incarcéré en Israël constitue un obstacle majeur pour les familles. Entre les demandes de permis pour s'y rendre, les fouilles etc… la mission était quasi-impossible, mais, de plus, depuis le début de la grève toutes les visites sont suspendues.


 


Silence


Si toute la France a aujourd'hui les yeux et les oreilles tournés vers l'élection présidentielle de ce week-end (7 mai), Jean-Paul Roche regrette tout de même le silence du futur ex-président de la République : « François Hollande est encore en place. Lui, qui ne risque plus rien, pourrait très bien faire une déclaration solennelle s'adressant aux autorités israéliennes pour leur demander de respecter les droits des prisonniers palestiniens (…) C'est le type de message qu'ils n'ont jamais voulu lancer mais ils ont eu grand tort. Si par malheur cette grève se termine par des décès de prisonniers, je ne vous dis pas les conséquences que cela aura ». 


La France, comme la communauté internationale, détourne donc le regard. L'issue du combat de ces prisonniers ne semble pas forcément bien engagée et pourtant, pour le vice-président de l'AFPS, il en ressortira quelque chose de positif : « Il est possible que cette grève n'aboutisse pas à un succès, nous savons à qui nous avons affaire en face. Mais il n'y a pas que le succès au regard des objectifs qui n'auraient pas été atteints, mais dans toute la Palestine, dans les camps de réfugiés au Liban et en Jordanie, des manifestations ont eu lieu pour les prisonniers. Ça a un écho dans tout le peuple palestinien et plus largement dans le monde et ça on ne leur enlèvera pas ».


CH. Célinain


Charly Célinain