Grève générale: tous les vols à destination et en provenance de la Tunisie suspendus

 Grève générale: tous les vols à destination et en provenance de la Tunisie suspendus

Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’UGTT, haranguant des partisans à Tunis

Au moment où les Tunisiens retiennent leur souffle la veille de la mise à exécution de la grève générale décrétée par l’UGTT dans le service public, les ultimes négociations de dernière minute n’ont pas pu empêcher la paralysie désormais certaine du pays.

Ainsi le secrétaire général de la Fédération générale du Transport au sein de la centrale syndicale, Wajih Zidi, a réitéré ce soir mercredi 15 juin que la grève générale du 16 juin sera entamée à compter de minuit : « les aéroports internes tout comme l’Aéroport Tunis – Carthage et donc tous les vols à destination et en provenance de la Tunisie seront tout simplement suspendus ». Partie de demandes initialement salariales, la grève revêt une dimension éminemment politique étant donné son timing, à quelques semaines du référendum présidentiel.

MAJ 23h00 : Tunisair confirme l’annulation de l’intégralité de ses vols pour le 16 juin

Lire aussi : Tunisie. L’UGTT décrète une grève générale dans la fonction publique

 

Un coup dur pour la saison touristique

La même source précise toutefois que la grève générale concerne quinze établissements de transport public et que la seule exception concernera la Société nouvelle de transport de Kerkennah qui assurera, deux fois par jour, le transport vital vers l’île et en chemin inverse vers Sfax.

Au moment où les hôtels du pays commencent à recevoir les premiers touristes « plein tarif » de la saison estivale, les agences de voyage ont dû répondre à de nombreuses interrogations su l’éventualité d’une poursuite de la grève au-delà des 24 heures. « Beaucoup de voyageurs ont annulé ou reporté leur séjour, le temps d’être rassurés sur la stabilité du pays », nous confie un employé d’un tour opérateur.

La réunion qui s’était tenue dimanche 12 juin entre les représentants de l’UGTT et ceux du gouvernement n’avait pour rappel débouché sur aucun accord, hormis un simple délai pour les pourparlers concernant le statut de la fonction publique. Ceux-ci ont été fixés pour la fin juillet 2022. L’UGTT a par conséquent décidé de maintenir la grève générale programmée le 16 juin.

« Certaines parties gouvernementales ont sciemment fait preuve de passivité, de sorte que la grève ait bien lieu, et de nous faire porter à nous seul la responsabilité de la grève. Sachez que cette carte du pourrissement de la situation ne nous a pas échappé », a renchéri aujourd’hui le secrétaire général adjoint de l’UGTT et son porte-parole, Sami Tahri. Selon nos sources, Tahri met en cause spécifiquement les ministres des Finances, de l’Economie, et de l’Energie, qui contrairement au ministre des Affaires sociales, Malek Ezzahi, n’auraient fait preuve d’aucun esprit de compromis dans ce bras de fer.

Il demeure incertain ce soir si la présidence de la République aura recours ou non au mécanisme de la réquisition de l’armée pour contrecarrer les effets de la grève générale. « Une décision qui serait inconstitutionnelle », selon Tahri, à qui cette éventualité rappelle les pires heures du clash de janvier 1978 de l’institution syndicale avec l’Etat de Bourguiba, d’autant que le dirigeant indique qu’un service minimum sera assuré dans la plupart des établissements publics.

Seif Soudani