Nounours : « Ma salle, c’est une boite de crayons de couleur »

 Nounours : « Ma salle, c’est une boite de crayons de couleur »

crédit photo : Y a rien Nadir !!


MAGAZINE JANVIER 2018


Un humoriste tout en rondeurs, mais qui livre un one-man-show tout en finesse, revendiquant sa filiation partagée entre Raymond Devos, Jamel et les Inconnus.


Nounours, c’est singulier comme nom de scène ?


Lorsque j’étais petit, mes amis m’ont affublé de ce surnom. Quand j’ai pris du poids, c’est devenu comme une évidence.


 


Comment avez-vous commencé à faire de l’humour ?


On ne commence pas, on y vient sans le savoir. C’est un état d’esprit, une bonne humeur qu’on véhicule, l’envie de tourner en dérision certaines difficultés de la vie. J’ai toujours été un bon vivant, doté d’un sens de la repartie, le vanneur du quartier dans le Xe arrondissement de Paris, où j’ai grandi. C’était inné. Le théâtre et la cantine, c’étaient les seules choses qui me plaisaient au collège. J’aime susciter des émotions, conduire le public des larmes de tristesse aux larmes de joie. On ne peut pas apprendre à faire rire, mais on peut apprendre à jouer avec les émotions.


 


A qui s’adressent vos spectacles ?


A tout le monde et non à une communauté en particulier, parce que je suis là justement pour contourner certains clichés. J’extrapole, notamment sur le Maghreb, pour montrer qu’il vaut mieux en rire, sans ­dépasser certaines limites qui pourraient blesser. Mais je fais en sorte que cela soit accessible à tous. Des gens de ma communauté viennent à mon spectacle mais, quand je parle de communauté, ce n’est pas d’ordre culturel ni celle d’un pays en particulier, c’est plutôt à destination de ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux. Ils ont beaucoup contribué à me faire connaître. Ma base de fans est plutôt large. Ma salle, c’est une boîte de crayons de couleur ! On ne peut pas plaire à tout le monde, mais on peut rassembler. C’est l’une de mes devises. ­Certains jeunes ne comprennent pas la fin de mon spectacle, quand je fais des jeux de mots à la Raymond Devos, par exemple. Mais je ne veux pas les priver de ça, de cette référence à cet artiste unique, jongleur du vocabulaire, et encore moins en priver les spectateurs qui attendent, eux, ces moments.


 


Vos modèles sont les Inconnus, Jamel Debbouze et Raymond Devos. Des univers très différents dans le domaine de l’humour.


J’aime ce grand écart et, à l’instar de Jamel Debbouze et d’autres, je veux user de ma notoriété à des fins de solidarité. Avoir une visibilité permet de récolter des fonds pour aider les autres. Si je peux relayer les besoins d’associations caritatives sur les réseaux ou ­apporter ma pierre à l’édifice, à mon échelle, je m’y colle. Je fais aussi des maraudes à titre personnel, en mobilisant mes followers sur les réseaux sociaux pour donner des vêtements aux sans-abri. Je ne supporte pas qu’on s’habitue à la misère. Je défends la cause ­humaine, sans distinction, quelle que soit la confession religieuse.


 


Parlez-nous de “Hors cadre”, votre dernier spectacle…


On y retrouvera certains thèmes du précédent show ainsi que des nouveaux. Je perds du poids, j’ai envie d’en parler. Je vais aussi aborder mon autre métier, celui de technicien installateur en fibre optique. Il y a des anecdotes tordantes auxquelles il n’y a pas besoin d’ajouter quoi que ce soit de specta­culaire. Ainsi, une fois, j’ai été braqué par un client qui voulait que je lui installe le Wi-Fi !  


 


HORS CADRE, de janvier à juin, au théâtre du Gymnase Marie-Bell, 38, boulevard de Bonne-Nouvelle, Paris Xe.

Marjorie Bertin