La dernière guerre d’Israël

 La dernière guerre d’Israël

Gaza / Saher Alghorra / Middle East Images / Middle East Images via AFP

Est-il encore possible de se tenir à distance des deux adversaires qui se déchirent en Palestine ? Surtout quand une véritable catastrophe humanitaire se déroule devant nos yeux à Gaza ? Quand le droit à la vengeance remplace le droit de légitime défense, quand une armée Israélienne hyper-équipée, s’acharnant sans arrêt sur des enfants, des femmes et des vieillards sans défense retenus en otages dans cette prison à ciel ouvert qu’est Gaza.

 

Le million de personnes fuyant vers le sud de l’enclave palestinienne se heurte à un blocus complet – l’eau, le gaz et l’électricité ont été coupés, dès le 9 octobre et le bilan humain, déjà bien lourd, s’alourdit chaque jour davantage.

Maintenant et malgré le tragique de la situation est-il encore possible de comprendre ce qui se passe dans le chaudron Palestinien ?  D’autant plus que le jusqu’au-boutisme de la clique à Netanyahou ne fait pas que des heureux même au sein de l’élite Israélienne. Surtout que dans le pays même, les rares voix qui expliquent que l’attaque de Hamas du 7 octobre, si elle est injustifiable était néanmoins prévisible.

On laissera de côté les questions restées sans réponse (pourquoi les services de renseignement les plus efficaces du monde n’ont rien vu venir alors que le Hamas s’activait depuis longtemps à préparer son offensive, sachant qu’une grande partie de ses cadres ont exfiltré leurs familles de Gaza pour les installer dans des villes arabes dans les pays voisins,  beaucoup plus sûres en prévision de la riposte de l’Etat hébreu, comme la circulation du matériel dans les souterrains laissait présager d’une grande opération), mais ce qui nous intéresse ici, c’est de comprendre comment l’aveuglement d’Israël a conduit la région à l’embrasement.

 

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C’est ce qu’explique d’ailleurs Gidéon Levy dans les colonnes de Haaretz quand il dit que « Israël ne peut pas emprisonner 2 millions de Gazaouis sans payer un prix cruel ». L’un des rares journalistes israéliens capables de dire la vérité sur l’occupation militaire israélienne pense que « derrière tout ce qui s’est passé, il y a l’arrogance israélienne. Nous pensions que nous avions le droit de faire n’importe quoi, que nous ne paierions jamais de prix ni ne serions punis pour cela. Nous continuons sans confusion. Nous arrêtons, tuons, maltraitons, volons, protégeons les massacres des colons, visitons le Tombeau de Joseph, le Tombeau d’Othniel et l’Autel de Yeshua, le tout dans les territoires palestiniens, et bien sûr nous visitons le Mont du Temple – plus de 5 000 Juifs sur le trône -. Nous tirons sur des innocents, leur arrachons les yeux et leur brisons le visage, les déportons, confisquons leurs terres, les pillons, les enlevons de leur lit, procédons au nettoyage ethnique et poursuivons également le siège déraisonnable ».

Israël continue de penser qu’il suffit de nettoyer Gaza des Palestiniens et tout ira bien. « Et pourtant, écrit Michael Sfard l’avocat israélien dans Haaratz, le droit de la guerre n’a pas été pensé uniquement pour des situations de parfait sang- froid, où il n’y a ni colère justifiée ni soif compréhensible de vengeance. Par les lois de la guerre, l’humanité a manifesté son renoncement à une absolue prohibition du recours à la force, au profit de la définition de règles établissant des minimums d’humanité et des limites dans les souffrances infligées aux civils ».

Mais si l’Etat hébreu est aussi convaincu de la nécessité de construire une immense barrière autour de la bande de Gaza, de pouvoir poursuivre un contrôle dictatorial de Gaza, digne de l’apartheid, si Israël continue de considérer les Palestiniens comme des sous-hommes, voire des animaux, c’est grâce à l’ami américain qui semble leur vouloir beaucoup de bien. Or l’Oncle Sam qui a déjà des millions de morts au compteur, de l’Afghanistan à l’Irak en passant par la Syrie n’a jamais d’état d’âme quand il s’agit de tuer des innocents même si tous ces cadavres n’ont pas permis à l’Amérique d’atteindre ses desseins maléfiques.

Cette guerre, c’est la dernière guerre d’Israël, l’état hébreu a perdu toutes les guerres, son projet de créer un paradis hébreu sur la terre des arabes a du plomb dans l’aile, une fois la guerre finie, la moitié des Israéliens qui ont plusieurs nationalités vont certainement quitter un pays incapable de leur procurer la moindre sécurité, le moral des soldats de Tsahal est au plus bas, et au final, la Palestine reviendra aux Palestiniens malgré ces jours sombres pour les populations civiles. Reste aux dirigeants Israéliens d’ouvrir les yeux sur cette réalité et ne plus compter sur les paroles mielleuses d’un Biden en perte de vitesse dans son pays même. Car les vrais amis se disent la vérité, même quand c’est difficile.

Abdellatif El Azizi