Liban : Prétendre sauver le Liban et lui vendre des armes !

 Liban : Prétendre sauver le Liban et lui vendre des armes !

Farah Baba, qui a eu l’épaule cassée par une canette de gaz lacrymogène, qu’elle a gardée d’ailleurs comme mauvais souvenir

Au Liban, Amnesty International appelle la France à suspendre ses ventes d’armes utilisées contres les manifestants civils. L’opinion libanaise ne décolère pas.

Les activistes libanais dénoncent ce qu’ils appellent « l’hypocrisie de l’État français ». Face à la faillite de l’État libanais et l’irresponsabilité de la classe politique, les Libanais sortent régulièrement manifester dans la rue depuis des années maintenant. C’est la seule forme de contestation qui leur reste. Et, à chaque fois, ils sont accueillis par la violence brutale des forces de l’Ordre.

Selon Amnesty International, les forces de sécurité libanaises ont réprimé violemment les récents mouvements sociaux. Or, Le matériel de maintien de l’ordre et les armes seraient de fabrication française. Des grenades lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des lance-grenades.

Ali Msarrah, activiste libanais, a été blessé à la jambe par un fusil à pompe. Il dénonce haut et fort l’ambigüité  des  « politiciens français qui se jouent de nous », selon lui. « Ils disent soutenir le peuple libanais. De l’autre côté, ce sont les mêmes qui vendent les armes ». Il ajoute sur un ton ironique : « On ne sait d’ailleurs même pas si ça été vendu ou offert ».

Les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles

Ce que confirme encore la jeune militante de 25 ans, Farah Baba, qui a eu l’épaule cassée par une canette de gaz lacrymogène. Un vestige qu’elle a gardé d’ailleurs comme mauvais souvenir. «Certaines armes non conformes au droit international ont fait de nombreux blessés », critique-t-elle. « En plus des pierres et des objets coupants jetés sur les manifestants, à certains moments les forces de l’Ordre ont tiré à balles réelles », dénonce-t-elle.

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Dans ce chaos généralisé, et, notamment après l’explosion survenue au port de la capitale, le 4 août, il y a eu des débordements de la foule, admet Ali Msarrah. Mais uniquement en réponse à la brutalité des forces de sécurité intérieure et de l’armée, justifie-t-il encore.

Les conclusions tirées et publiées par Amnesty International ont mis en colère une partie de l’opinion libanaise contre ses dirigeants, certes. Et contre l’État français également. A l’issue de l’analyse de plus de 100 vidéos de manifestations filmées à Beyrouth, ainsi que la collecte de témoignages et de rapports médicaux, l’ONG affirme que le matériel utilisé contre les protestataires serait de fabrication française.

Les militants libanais relèvent la contradiction « voire l’hypocrisie » du discours du président Macron qui arrive comme « un sauveur voire même le gardien de la nation libanaise ». De l’autre côté, il vend des armes utilisées contre des manifestations légitimes. « C’est comme un retour en arrière dans l’Histoire. A l’époque où le Liban était colonisé par la France ».  Amer constat !

 

 

 

Mishka Gharbi