France. Hommage à Ali Ziri

 France. Hommage à Ali Ziri

Un mois après le non-lieu réclamé par le parquet en faveur des policiers concernés

Environ 500 personnes ont défilé samedi à Argenteuil (Val-d’Oise) à la mémoire de Ali Ziri, un retraité algérien décédé en 2009 à la suite d’un contrôle de police. Alors que le procureur requiert un non lieu, les proches réclament justice.

 

« Vérité et justice pour Ali Ziri ». Voilà ce qu’arboraient les tee-shirts des proches de Ali Ziri, samedi après-midi à Argenteuil. Un mois après le non-lieu réclamé par le parquet en faveur des policiers concernés, les proches et tous ceux qui les soutiennent ont décidé de faire une manifestation hommage.

En tête de cortège, Areski Kerfali, ami du défunt, interpellé au côté d’Ali ce jour-là. Pour lui, aucun doute, ce sont bien les forces de l’ordre qui sont à l’origine du décès, « Je n’avais jamais vu des policiers comme ça. S’ils étaient bien formés, Ali Ziri serait aujourd’hui avec nous ».

Le soir du 9 juin 2009, Ali Ziri et Arezki Kerfali avaient été interpellés à bord de leur véhicule. Sous l’emprise de l’alcool, les deux hommes avaient été embarqués au commissariat d’Argenteuil puis placés en garde à vue.

Ali Ziri, tombé dans le coma, était mort deux jours plus tard. Une première autopsie avait conclu que le taux d’alcoolémie et des problèmes cardiaques étaient la cause du décès. Mais une contre-expertise avait révélé la présence de 27 hématomes et démontré qu’ « Ali Ziri est mort suite à un arrêt circulatoire d’origine hypoxique, généré par suffocation et appui postérieur dorsal ».

Le 15 avril 2011, de nouveaux examens concluent que « le manque de discernement des policiers a conduit à des comportements qui n’étaient pas sans conséquences sur l’état de santé de M. Ziri ».

Plus grave encore, l’avis de l’ex CNDS (Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité) qui a évoqué un « traitement inhumain et dégradant » accusant les policiers d’avoir « laissé les deux hommes, allongés au sol, le visage dans leurs vomissures, pendant environ une heure, sans réagir ».

« Ce qui s’est passé pour Ali Ziri est inacceptable, nous sommes là pour que la vérité ne soit pas enterrée. Maintenant, c’est au juge de se prononcer et il a l’occasion de manifester l’indépendance de la justice en France », a déclaré Mgr Jacques Gaillot présent samedi après-midi.

 

Une plaque commémorative

Peu après la manifestation, Mgr Jacques Gaillot a dévoilé une plaque commémorative à la mémoire de Ali Ziri. « C’est la seconde plaque de ce type en France, la première était pour Malik Oussekine (un étudiant de 22 ans frappé à mort par des policiers en 1986, ndlr) », a précisé Omar Slaouti, animateur du collectif « Vérité et Justice ».

Parmi les manifestants, des membres du collectif formé à Clermont-Ferrand après le décès de Wissam El-Yamni interpellé le 31 décembre dernier, avaient fait le déplacement. Des proches de Hakim Ajimi, jeune homme mort par asphyxie en 2008 sont également venus apporter leur soutien.

La liste des bavures policières continue de s’allonger. Pourtant, le 30 novembre 2011, Amnesty International avait dénoncé ces dérives dans un rapport qui pointait du doigt l’impunité de certains policiers et « l’absence d’enquêtes indépendantes et exhaustives ». L’organisation internationale s’indignait de voir toujours les mêmes personnes victimes, « les cas portés à sa connaissance concernent, dans leur grande majorité, des personnes appartenant à des minorités visibles ».

Les choses pourraient changer cette année. Aujourd’hui lundi s’ouvre à Grasse le procès de sept policiers qui vont comparaître pour homicide involontaire ou non assistance à personne en danger lors du décès de Hakim Ajimi.

La famille de Wissam El-Yamni, décédé après une interpellation musclée, attend des réponses. Les proches d’Ali Ziri continuent de se mobiliser en attendant le verdict.

La justice va devoir trancher. Condamner et ainsi mettre un frein à ses bavures ou alors fermer les yeux et laisser certains policiers continuer de se comporter comme des hors la loi.

Jonathan Ardines

Jonathan Ardines