Maroc. Nouveau gouvernement : premiers pas dans l’arène

 Maroc. Nouveau gouvernement : premiers pas dans l’arène

Abdelilah Benkirane

C’est hier jeudi que s’est tenue la première réunion du Conseil de gouvernement, présidée par Abdelilah Benkirane. Fait intéressant, le chef du nouvel Exécutif a imposé un black-out total sur le contenu de la déclaration gouvernementale, allant jusqu’à demander à son équipe de laisser dans la salle le précieux document, tout en s’engageant à « garder le silence ». Toutefois, Benkirane n’a pas manqué l’occasion du traditionnel point de presse pour lancer des signaux aussi bien à ses concitoyens qu’aux partenaires étrangers…

 

« A la hauteur des attentes »

« Notre responsabilité est grande, il est hors de question de continuer comme avant », a déclaré Benkirane, faisant référence aux abus qui ont caractérisé la scène politique marocaine. « Il est indiscutable que nous sommes au seuil d’une nouvelle étape ».

Fidèle à son style, le chef de gouvernement a multiplié les déclarations rassurantes, sans omettre de rappeler que la fermeté était de mise et que les membres du nouvel Exécutif se devaient « d’être à la hauteur des attentes ».

Appelant à faire passer les intérêts de la nation avant les ambitions personnelles, Benkirane a tenu à signaler que « l’équipe actuelle était animée d’une réelle volonté d’aller de l’avant », et que « tout le monde doit savoir que celui qui cherche fortune ferait mieux de s’adonner au commerce » !

Sur le plan économique, le chef de gouvernement a précisé que son équipe comptait maintenir une continuité sur certains volets, notamment la politique des grands chantiers initiée par le roi Mohammed VI, tout en veillant à son indépendance dans l’application de son programme.

Benkirane a également appelé à « une gestion optimisée des ressources et à la mise en place de politiques publiques cohérentes », faisant allusion entre autres au manque d’homogénéité qui caractérise les différentes stratégies sectorielles. Il s’est également engagé à opérer un relifting  de l’administration marocaine, pour « réconcilier le citoyen avec l’administration »…

Priorité au social

C’est sur le volet social que Abdelilah Benkirane a le plus insisté. Conscient qu’il marchait sur des œufs en ces temps de contestation, le chef de gouvernement ambitionne de renforcer la culture de dialogue entre les différentes composantes de la société, avec un intérêt particulier pour les couches les plus précaires.

Il s’est engagé par la même occasion à prendre en compte les doléances de chaque partie, notamment le Mouvement 20 février et les diplômés chômeurs. Des représentants des diplômés, habitués aux sit-in devant le parlement, devraient d’ailleurs être reçus par Benkirane dès la semaine prochaine.

Les récentes émeutes de Taza, où des manifestants ont occupé le siège de la préfecture et sont entrés en confrontation avec les forces de l’ordre, rappellent, si besoin est, que l’apparente stabilité du royaume ne tient qu’à un fil.

Sur cette question, le chef de gouvernement a rappelé que les revendications sociales étaient légitimes et que l’Etat se devait d’y apporter une réponse, signalant toutefois « que les citoyens devaient respecter la loi et préserver les biens publics ».

Il faudra attendre un peu plus d’une semaine pour que le programme gouvernemental soit soumis au parlement, en vue de son adoption à la majorité absolue. C’est à partir de là que des millions de Marocains « évalueront » les écarts entre les promesses électorales du PJD, le programme du gouvernement et les avancées concrètes.

Rendez-vous dans 100 jours ? « Je ne crois pas beaucoup à cette stratégie des 100 jours. Chaque jour compte et le plus important est d’œuvrer dans la continuité », tranche Benkirane…

Zakaria Boulahya

Zakaria Boulahya