Rym Ben Sallem, portrait d’une scientifique « utile »

 Rym Ben Sallem, portrait d’une scientifique « utile »

Rym Ben Sallem


Le docteur Rym Ben Sallem était de passage à Paris pour recevoir la Bourse L’Oréal-UNESCO « Pour les Femmes et la Science ». L’occasion pour nous de rencontrer cette scientifique tunisienne et de la laisser nous raconter son parcours à la fois ordinaire et passionnant.


Toute petite, Rym Ben Sallem ne voulait pas de poupée. Elle jouait avec son microscope miniature et s’amusait à observer la nature qui entourait la maison de campagne familiale, dans la région de El Fahs située dans le nord de la Tunisie: « Il n’y avait rien à faire, à part contempler. C’était la meilleure école ! C’est dans cette région, et à travers la curiosité, que j’ai acquis mes premiers pas vers la biologie », se souvient cette femme de 33 ans, aux cheveux longs et au large sourire, aujourd’hui maman de deux jeunes enfants.


Il y a aussi eu les livres que ses parents lui offrent chaque année, à l’occasion de la foire aux livres de Tunis. Rym Ben Sallem se rappelle d’une série d’ouvrages qu’on lui avait acheté à l’âge de 6 ans : les « Quand », « Comment » et « Pourquoi », et tout particulièrement la question : « pourquoi les étoiles disparaissent le matin ? ». Il y a enfin eu la cuisine de sa mère, où Rym aimait faire les mélanges des différents ingrédients « pour observer ce qu’il se passe ».



Parcours classique



Rym Ben Sallem a grandi à Tunis, dans une famille de 3 enfants. Elle est la seule fille. Son père travaille dans le domaine du tourisme, sa mère reste à la maison « où elle travaille tout autant », précise-t-elle. Très vite, donc, elle acquiert la conviction qu’elle fera de grandes études dans la biologie. C’est l’option qu’elle choisit d’ailleurs au Bac. Un choix soutenu par ses parents, même si quelques membres de sa famille sont réticents car ce domaine n’offre, selon eux, pas beaucoup de débouchés. « J’ai eu un parcours classique. J’ai obtenu ma maîtrise en biotechnologie, dont je suis sortie major », raconte-t-elle en toute simplicité, une « revanche » pour sa mère qui n’a pas fait d’études. C’est ensuite un professeur de la faculté de Tunis qui lui donnera le goût de la microbiologie, Abdellatif Boudabous, qu’elle n’a « plus quitté depuis » puisqu’il dirige le laboratoire dans lequel elle travaille actuellement.



Utile pour son pays



Chaque année, la Fondation L’Oréal récompense 15 Jeunes Talents Internationaux qui sont à l’orée de leur carrière. Parmi lesquelles donc Rym Ben Sallem qui travaille au sein du Laboratoire microorganismes et biomolécules actives de l’université de Tunis El Manar, en Tunisie.


Ses travaux portent sur la promesse de nouveaux antibiotiques. La jeune chercheuse tunisienne utilise des méthodes innovantes de génétique, notamment de clonage. Les nouveaux agents antimicrobiens qu’elle espère découvrir pourraient atténuer la crise liée à la résistance aux antibiotiques. « Je me sens utile pour ma région, pour mon pays », dit Rym Ben Sallem non sans fierté, comme elle a pu l’être lorsqu’au collège elle aidait régulièrement, dans son quartier de Tunis, ses cousins et ses voisins avec leurs cours de sciences.




Chloé Juhel

Chloé Juhel