Portrait de Souadou Niang, propriétaire d’un hôtel-boutique afro-chic à Dakar

 Portrait de Souadou Niang, propriétaire d’un hôtel-boutique afro-chic à Dakar

Le rêve de Souadou Niang est de conquérir l’Afrique et pourquoi pas le monde

Elle a commencé à faire le ménage. Aujourd’hui elle est gérante de son propre hôtel de 5 étoiles dans la capitale sénégalaise. C’est l’histoire de Souadou Niang, une femme partie de rien.

Souadou Niang incarne la définition d’une success story. Une femme de poigne et ça se voit. Elle savait ce qu’elle voulait faire. Mais elle devait commencer tout en bas de l’échelle.

Ayant grandi à Dakar, à l’âge de 18 ans, elle part à  New-York, la poche vide et les rêves pleins la tête. Arrivée là-bas, elle commence par travailler pour  payer ses études, s’installe ensuite à Washington. L’étudiante visite un jour l’hôtel Ritz Carlton. « Je l’ai trouvé magnifique et j’ai juste demandé s’ils cherchaient quelqu’un pour travailler ». Elle commence comme femme de ménage et poursuit ses études de management en même temps.

Dans  un pays de melting polt, et en tant que Sénégalaise, la jeune femme sentait qu’il y avait une place à conquérir. Une fois le Bachelor en poche, elle retourne dans le même hôtel pour intégrer l’équipe de management. Souadou attrape la passion de l’hôtellerie de luxe.

Elle se disait qu’un jour elle rentrerait au pays pour faire la même chose et montrer « Qu’il est possible d’offrir un service de qualité au Sénégal. »

Elle était dans un pays où on dit « Sky is the limit »

Palms Luxury  ouvre en 2017. Le rêve de Souadou Niang devient réalité. Un établissement de luxe avec 60 employés dont 80% sont des femmes. La prééminence féminine dans son équipe est un choix mûrement réfléchi ; « les femmes sont des managers nées. Elles ont la capacité de gérer beaucoup de choses à la fois.  Il suffit d’une petite formation pour qu’elles deviennent performantes ».

Les débuts étaient difficiles, se souvient-elle. La jeune femme rentrée au pays, n’avait que des réponses décourageantes ; «  vous n’irez pas loin » ; «  ce n’est pas fait pour les femmes, ni pour les femmes africaines ».

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Sans avoir aucune garantie, elle continue à frapper aux portes des banques. La réponse était invariablement négative. «  Les banques ne sont pas structurées comme aux USA, compare-t-elle, où pour contracter un crédit, il n’est pas besoin de présenter des garanties. C’est un pays où on te dit, la limite c’est le ciel ».

Un jour, pourtant, elle a eu la chance de rencontrer un haut directeur d’un comité de risques qui lui dit : «  je vois votre détermination, vos yeux pétillent quand vous parlez de votre projet. Je crois en vous et je vais prendre le risque de vous prêter de l’argent ». C’était le couronnement de plusieurs années de labeur. Elle a gagné son pari.

Aujourd’hui son rêve est de conquérir l’Afrique et pourquoi pas le Monde. « Les franchises du monde entier viennent en Afrique. On devrait pouvoir exporter notre savoir faire ailleurs. Transférer le concept des hôtels boutiques afro-chics ».

Depuis toute jeune Souadou Niang était férue de management. Elle voulait lancer sa propre affaire et prouver que les femmes africaines sont capables d’entreprendre de grands projets. Elle y est parvenue.

 

 

 

Mishka Gharbi