Pour Ons Jabeur, le temps est-il venu d’une introspection critique ?

 Pour Ons Jabeur, le temps est-il venu d’une introspection critique ?

La tenniswoman Ons Jabeur a été éliminée hier mercredi 13 septembre 2023 dès les huitièmes de finale du modeste tournoi de San Diego (WTA 500). Une sortie par la petite porte, puisque la tunisienne avait en face d’elle la jeune russe Anastasia Potapova (22 ans, 27e mondiale). Avec cette deuxième désillusion en l’espace de deux semaines, commentateurs sportifs et fans de la joueuse lui demandent d’envisager une pause critique potentiellement salutaire à ce moment crucial de sa carrière.

A l’occasion de son retour 10 jours après l’US Open, Ons Jabeur s’est inclinée en concédant un match en deux sets (4-6, 6-7) face à une Anastasia Potapova qu’elle avait pourtant balayée en deux sets il y a deux ans 6-4, 6-0 sur le gazon de Birmingham. Cette fois la tunisienne commettra pas moins de 9 doubles fautes. Pourtant tête de série numéro 2 de ce tournoi, cette contre-performance pourrait rapidement lui coûter sa 7ème place au classement mondial WTA où elle est poursuivie de près par la tchèque Karolina Muchova qui réalise une saison exceptionnelle.

En ce qui reste de cette saison, Jabeur devrait toutefois pouvoir participer pour la deuxième année consécutive aux WTA Finals, communément appelés les Masters, un tournoi qui réunit chaque fin de saison les huit meilleures joueuses de tennis de l’année.

 

Un US Open à oublier

L’échec face à la vaillante Potapova pourrait n’être qu’un accident de parcours si la tunisienne n’avait pas inquiété sur sa forme physique à l’US Open quelques jours auparavant lors des huitièmes de finale. Burnout ou impréparation, la finaliste de l’an passé a été sortie par la chinoise de 20 ans Qinwen Zheng, 22e mondiale, en deux petits sets (6-2, 6-3) et 1h21 de jeu.

Apparue méconnaissable, en difficulté dans la plupart des échanges et très irritable pendant un peu plus d’une heure de jeu, Jabeur est logiquement tombée face à la chinoise. Semblant diminuée sur la plupart des échanges et le rythme intense imposé par son adversaire, elle fut breakée trois fois de suite sur son engagement de jeu.

La tunisienne a surtout commis plus du double de fautes directes (15 contre 7) et réussi deux fois moins de coups gagnants (5 contre 11) dans la première manche, perdue 6-2. Logiquement menée, elle a même été breakée d’emblée dans le second set.

Statistique édifiante : 23 % seulement est le pourcentage de points marqués par Ons Jabeur sur son second service au cours du premier set. Inconstante et nerveuse sur le court Louis Armstrong, Jabeur s’acharne mais finit sur un record de 32 fautes directes au total. Elle réussit à sauver trois balles de match mais finit par s’incliner sur le jeu suivant et la 4e balle de match.

 

La fin d’un cycle pour l’équipe coaching ?

Mais ce huitième de finale importe peu en réalité lorsque l’on sait la manière avec laquelle Jabeur y est parvenue, quasi miraculée, après trois matchs de 3 sets, tous contenant au moins un tie-break face à des joueuses même pas dans le top 30 WTA. Pour nombre d’observateurs, la deuxième finale d’affilée perdue à Wimbledon aurait été le signal suffisant pour une refonte de son équipe, spécialement sa préparatrice mentale, la française Mélanie Maillard. Accompagnant Jabeur depuis 2016, certains considèrent que la psychologue a failli à sa mission après avoir assuré que les leçons de la première finale en Grand Chelem perdue avaient été tirées.

Si Ons Jabeur est aux antipodes des joueuses du circuit changeant de coach régulièrement, voire sur un coup de tête, son choix de la stabilité atteint probablement ses limites, y compris pour le volet physique. Des spécialistes fustigent en effet le risque de complaisance à être entraînée pendant trop longtemps par son époux ainsi que le certes brillant Issam Jellali. A 29 ans, la tunisienne est au confluent des chemins : à trop vouloir conserver une équipe qui gagne, elle s’est peut-être abandonnée à une piégeuse zone de confort.

Seif Soudani