L’opposition syrienne dénonce « un simulacre d’élections législatives »

 L’opposition syrienne dénonce « un simulacre d’élections législatives »


Les bureaux de vote pour les élections législatives organisées par le régime syrien, mais contestées par l'opposition, ont ouvert leurs portes hier mercredi 13 avril, alors que la Syrie connait une flambée de violence après six semaines de cessez-le-feu.




 


Dans les régions sous contrôle du régime, soit moins d’un tiers du territoire mais où vit environ 60% de la population, les bureaux de vote ont ouvert à 07H00 et pour une durée de 12 heures. Pour ce second scrutin depuis le début des évènements de la révolution syrienne en mars 2011, 11.341 candidats âgés de plus de 25 ans avaient décidé au départ de briguer les 250 sièges.


En fin de course, il n'en reste plus que 3.500, les autres s'étant retirés estimant n'avoir « aucune chance de l'emporter », a expliqué à la presse le président du Comité juridique suprême des élections, le magistrat Hicham al-Chaar, un proche du régime.


Les murs de Damas sont couverts d'affiches de candidatures souvent « ornementales », mais sur le haut d'un immeuble surpassant les autres domine un calicot du parti Baas, à la tête du pays depuis plus d'un demi-siècle, avec un mot d'ordre : « les élections de la résistance ».


Le scrutin coïncide avec l'ouverture de la seconde session de négociations indirectes entre le régime et l'opposition, sous l’égide de l'ONU à Genève. Il se tient aussi alors que le pays risque de replonger dans une guerre aux ramifications complexes opposant le régime, les rebelles modérés et islamistes ainsi que les deux frères ennemis du djihadisme, le groupe État islamique (EI) et le Front Al-Nosra.


Dans la province d'Alep, les combats font rage entre troupes du régime et son allié russe d'une part et djihadiste et leurs alliés rebelles d'autre part sur plusieurs fronts le long de l'autoroute Alep-Damas, rapportent les réseaux sociaux rebelles.   


 


Le conflit armé au cœur de la campagne


« Nous sommes pour la sécurité », « Pour nos enfants qui sont morts, continuons », proclament des affiches collées sur les murs et les poteaux électriques de la capitale Damas. Un aspirant député se présente comme la voix des « martyrs de notre armée héroïque », tandis qu'un autre glorifie « la Syrie victorieuse ».


Le journal du parti Baas considère que ce scrutin est aussi « un combat pour prouver la solidité des institutions de l’État »…


Ces élections sont en revanche jugées illégitimes par les opposants de l'intérieur comme de l'extérieur, ainsi que par les pays occidentaux à l’image de l’Allemagne qui a annoncé mercredi ne pas en reconnaître le scrutin, les millions de réfugiés syriens n’étant pas en mesure de voter.


Mais la Russie de Poutine, grand allié du régime, les juge « conformes à la Constitution syrienne actuelle ». L'ONU plaide de son côté pour la tenue d'élections générales courant 2017.


Les élections législatives « auront lieu partout sauf dans les provinces de Raqqa et Idleb », aux mains de l'EI et du Front Al-Nosra, ainsi que « dans les régions qui connaissent des problèmes de sécurité », en référence aux zones tenues par les rebelles, précise tout de même la commission électorale. « Les électeurs originaires de ces régions pourront voter dans les secteurs tenus par l'armée », ajoute-t-elle.


Le résultat des élections devrait être semblable à celui du scrutin de mai 2012, selon la plupart des observateurs, soit 80 à 90% en faveur du quasi parti unique. Pour la première fois, plusieurs partis avaient été autorisés à y participer, mais le Baas, avait obtenu la majorité des 250 députés élus pour un mandat de quatre ans.


 


S.S (avec AFP)




 

Seif Soudani