Trop de « hasard » dans la prise en charge des mineurs étrangers

 Trop de « hasard » dans la prise en charge des mineurs étrangers

Des associations de défense des droits des migrants dénoncent les conditions de prise en charge des mineurs non accompagnés arrivés sans parent en France.

Des jeunes exilés gérés différemment d’un département à l’autre, des psychotraumatismes ignorés, un âge évalué à vue d’œil… Les différences de traitement sont notables selon l’endroit du territoire où les mineurs arrivent.

Le constat, accablant, est dressé dans un rapport rédigé par l’Association d’accès aux droits des jeunes et d’accompagnement vers la majorité (AADJAM) et l’ONG Utopia 56.

Il s’appuie sur une enquête menée entre fin 2024 et début 2025 auprès d’ONG, d’avocats et de collectifs de défense des migrants dans 38 départements.

Première difficulté

Près de 397 000 jeunes, dont 31 900 majeurs, font l’objet d’une mesure de protection dans le cadre de l’aide sociale à l’enfance (ASE). Les départements, qui doivent financer cette prise en charge, dénoncent régulièrement son coût.

Si, dès son arrivée en France, un mineur isolé peut demander une protection, sa « première difficulté » sera de « comprendre où et comment y accéder », note le rapport.

Parfois, l’accueil n’est pas assuré par le conseil départemental ou une association mandatée, et s’effectue alors… au commissariat. Dans d’autres cas, aucun accueil n’est prévu, ce qui conduit des mineurs à dormir à la rue.

Évaluation cruciale de leur âge

Autre écueil : une fois placé en accueil provisoire d’urgence, le bilan de santé, pourtant rendu obligatoire par la loi Taquet de 2022, n’est pas organisé dans plus de la moitié des cas. Or, certains mineurs arrivent profondément traumatisés par leur parcours d’exil.

Enfin, l’évaluation de leur âge, cruciale pour déterminer s’ils seront pris en charge par les départements, repose sur des critères « très subjectifs ». Elle est souvent basée sur leur apparence physique et la cohérence de leur récit de vie.