La Tunisie revoit à la baisse son taux de croissance de 3 à 1%

 La Tunisie revoit à la baisse son taux de croissance de 3 à 1%


Le gouvernement Essid vient de revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour l'année 2015, de 3% à un dérisoire 1%, selon le projet de loi de finance complémentaire pour l'exercice 2015. Une baisse substantielle que le ministre des Finances explique par « l’impact désastreux des deux opérations terroristes du Bardo, le 18 mars dernier, et de Sousse le 26 juin, notamment sur l'investissement extérieur et les recettes touristiques.




 


Malgré des revenus du tourisme en baisse de 40 à 50%, la plupart des hôtels de luxe rechignent à casser leurs prix, selon plusieurs témoignages de Tunisiens mécontents.


Le gouvernement a par ailleurs expliqué sa décision par plusieurs autres facteurs considérés comme des « facteurs objectifs ». Il s'agit d’abord de la baisse du taux de croissance au cours du premier trimestre 2015 (1,7%, contre 2,4% au cours de la même période 2014) ainsi que les conflits sociaux à répétition, ayant résulté en des sit-in et des grèves dans la plupart des domaines, dont ceux ayant paralysé le bassin minier de Gafsa.


Autre explication présentée, la hausse du taux de change du dollar US par rapport au dinar qui culmine toujours à quasiment 2 dinars pour 1 dollar. Le volume des importations a en outre enregistré au cours du premier semestre 2015 une baisse de 0,4.


Le projet de loi de finance complémentaire dont l'agence TAP a pu obtenir une copie, met l'accent sur « la nécessité de réviser les équilibres économiques en général et les équilibres des finances publiques en particulier, et d'élaborer un programme d'appui à travers la mise en place de dispositions exceptionnelles… ».


Selon le même document, les recouvrements fiscaux devraient être également revus à la baisse cette année, au moment où on parle d’amnisties fiscales importantes pour les établissements hôteliers, en attendant le projet de loi présidentiel d’amnistie des crimes économiques et financiers datant de l’ancien régime.


Seule éclaircie au tableau, les dépenses de gestion pour 2015 passent de 17,9 milliards de dinars à 17,7 MD. Une baisse brute de 268 MD censée ramener le niveau du déficit budgétaire à 4,372 milliards, soit environ 5% du PIB actualisé.


L'endettement public passerait quant à lui le seuil des 50% pour atteindre 52,7% du PIB à la fin 2015…


Selon des chiffres relayés par Jaouhar Ben Mbarek hier mardi, 92% des impôts en Tunisie sont à la charge des classes moyennes et inférieures, un chiffre qui ne s’élevait qu’à 80% sous Ben Ali, ce qui démontre paradoxalement une droitisation accrue des politiques économiques du pays ces cinq dernières années.


 


S.S




 

Seif Soudani