Les Journées poétiques de Carthage font la part belle au slam

 Les Journées poétiques de Carthage font la part belle au slam

Photo Seif Soudani / LCDA


En cette troisième soirée de la 2ème édition des Journées poétiques de Carthage (JPC) qui se déroulent à la Cité de la culture de Tunis jusqu’au 29 mars 2019, c’est un public visiblement plus jeune qui avait rendez-vous avec le slam. Ainsi institutionnalisé au cœur de ces journées, cet art, loin d’être mineur, qui manie en l’occurrence le verbe dialectal tunisien, tend à sortir du statut souvent réducteur de discipline alternative, pour s’affirmer en tant que poésie à part entière, subversive et résolument contemporaine.



 


Menée par le jeune artiste Hamdi Mejdoub, c’est une sélection à majorité féminine d’une dizaine de slameurs qui s’est produite dans l’imposante enceinte en plein air de la Cité de la culture, rassemblant un public de passionnés et de curieux. Parmi les thématiques de prédilection de ces jeunes dont ceux de l’ONG « Creative Youth » issus notamment des quartiers de la Goulette et du Kram, les universels thèmes du désir amoureux et du patriotisme, mais aussi ceux plus avant-gardistes et révolutionnaires de l’égalité homme-femme et des inégalités sociales.  


Lui-même issu du groupe fondateur initial intitulé « Street Poetry » pratiquant l’art de rue, que nous avions été parmi les premiers médias à couvrir dès sa genèse en 2013, Mejdoub s’était déjà distingué lors de la clôture l’an dernier de la première édition des JPC, en compagnie de l’acteur et interprète Majd Mastoura (lauréat de l’Ours d’argent au festival international du film de Berlin), créant une demande renouvelée pour le slam qui en devient depuis un clou du spectacle incontournable de tout festival poétique, du moins pour tout organisateur voulant sortir des sentiers battus de la poésie orthodoxe versifiée en arabe littéraire.


Pour la directrice des JPC la poétesse Jamila Mejri, cette seconde édition se veut précisément être l’édition de la consolidation de cette manifestation poétique dans le paysage culturel tunisien, à l’instar des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) ou encore les Journées Théâtrales de Carthage (JTC).


Durant les huit jours de la manifestation, pas moins de 10 soirées poétiques sont programmées, 4 ateliers et conférences-débats autour de sujets relatifs à la poésie et sa traduction, ainsi que 4 spectacles dont une soirée consacrée à la poésie tunisienne populaire (le chaâbi). Également à l’ordre du jour, la poésie postcoloniale ou encore la crise de la critique poétique. En sus de la poésie arabe, la poésie italienne, espagnole et française seront aussi à l’honneur.


Plus de 500 élèves et étudiants des quatre coins du pays sont par ailleurs attendus à ces JPC dont l’inauguration s’est déroulée dans la prestigieuse salle du Théâtre de l’opéra de la Cité de la culture, signe de l’ampleur que prend dorénavant cet évènement.


 


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Seif Soudani