Tunisie. Libération de la militante Chaima Issa

 Tunisie. Libération de la militante Chaima Issa

Chaima Issa fêtant sa libération à son domicile, en compagnie de son père et de son avocate Islem Hamza. Crédit photo et vidéo Seif Soudani / LCDA

Tard dans la nuit de jeudi à vendredi 14 juillet, l’opposante politique Chaima Issa a été libérée ainsi que l’avocat et ex-ministre Lazhar Akremi, également opposé au régime en place, tous deux détenus depuis février 2023. Images exclusives.

Chaïma Issa, 43 ans, est militante du Front de salut national (FSN), principale coalition d’opposition au président Kais Saïed. Elle avait été placée en détention provisoire depuis le 23 février 2023 dans l’attente de son procès pour le chef d’inculpation fleuve de « complot contre la sûreté de l’Etat ».

Hier soir vers 22h30, le calme ordinaire du quartier résidentiel de la Citée Ennasr est secoué par une onde d’acclamations festives, aux cris de « A bas le coup d’Etat ! » scandés par les dizaines de partisans et proches de celle qui est devenue un symbole de la lutte pro démocratique. « Ils ont achevé d’en faire une leader ! », commente le militant historique Ezzedine Hazgui, venu soutenir après 142 jours de « détention injuste et arbitraire », dénonce-t-il.

« Dossiers vides »

Chaïma Issa était restée en prison la semaine dernière, après que le Parquet avait fait appel de la décision de sa libération ordonnée par un juge d’instruction. Mais après l’examen des demandes de libération des prisonniers politiques par la chambre des mises en accusation de la Cour d’appel de Tunis, celle-ci a dans un deuxième temps rejeté l’appel du Parquet.

Pour ses avocats dont Islem Hamza et Dalila Ben Mbarek, les affinités personnelles et politiques qu’entretient leur cliente avec le reste des inculpés dans cette affaire, affinités sur la base desquelles elle fut incarcérée, témoigne de la vacuité de son dossier.

La pression internationale grandissante a probablement aussi contribué à ce qui est perçu par l’opinion comme un geste de début de détente politico judiciaire : Amnesty International avait notamment exhorté Kaïs Saïed à libérer les huit prisonniers politiques incarcérés depuis cinq mois dans ce dossier.

L’ONG avait déclaré par voie de communiqué que « les figures de l’opposition Chaima Issa, Jaouhar Ben Mbarek, Khayam Turki, Issam Chebbi, Ghazi Chaouachi, Ridha Belhaj, Lazhar Akremi, et Abdelhamid Jelassi, sont détenus depuis février 2023, pour des accusations infondées de complot ».

Seif Soudani