Dette des pays africains : Macron propose un moratoire avant l’annulation

 Dette des pays africains : Macron propose un moratoire avant l’annulation

Emmanuel Macron rencontre ses homologues africains à l’Institut de Choiseul en 2016.


Un moratoire sur la dette des pays africains est « une étape indispensable » pour aider le continent à traverser la crise du coronavirus, en attendant un effacement total de cette dette, affirme mercredi le président français Emmanuel Macron dans un entretien à Radio France internationale (RFI). Le Chef de l’État avait déjà annoncé son souhait que la France et ses partenaires européens « annulent massivement » la dette de l’Afrique.


M. Macron a invité les ministres des Finances des pays du G20, qui se réunissent mercredi, à acter ce moratoire alors que la pandémie de Covid-19 menace de déborder les fragiles systèmes de santé des pays les plus pauvres. Ce moratoire « est une première mondiale », a affirmé le président français. « Le temps de la crise, on laisse les économies africaines respirer et ne pas servir les intérêts de la dette. C'est une étape indispensable et je pense que c'est une formidable avancée ».


« Chaque année, un tiers de ce que l'Afrique exporte sur le plan commercial sert à servir sa dette. C'est fou ! Et on a accru ce problème ces dernières années », a-t-il relevé, rappelant qu'il était « favorable à une initiative d'annulation de dette massive ».


C’est dans cette optique qu’il avait lancé cette initiative lors de son discours télévisé du 13 mars, alors que la France subit de plein fouet les effets économiques et sociaux de la pandémie du covid-19.


Outre la France et probablement le G20, le FMI et la Banque mondiale ont annoncé un allègement massif de la dette africaine. Même le pape François avait réclamé dimanche dernier lors de sa bénédiction pascale « Urbi et Orbi » l'annulation de la dette africaine


 


Mobilisation internationale pour l’Afrique


« Nous devons absolument aider l'Afrique à renforcer ses capacités à répondre au choc sanitaire et nous devons a fortiori l'aider sur le plan économique », a insisté M. Macron. Même si, jusqu'à présent, la pandémie semble moins toucher l'Afrique que le reste du monde, le président français a appelé à la prudence. « Je ne suis ni dans les catastrophistes, je ne veux pas non plus être dans les naïfs. Ce virus aujourd'hui, il touche tout le monde ».


« J'ai beaucoup parlé avec mes partenaires africains pour qu'ils décident au maximum des confinements et qu'ils retardent l'épidémie : plus ils la retardent, plus les Européens sont en situation de leur apporter de l'aide, parce qu'on n'aura pas le pic épidémique au même moment », a continué Emmanuel Macron.


Il a plaidé pour une mobilisation de toutes les institutions internationales et des fondations privées pour la mise au point rapide d'un traitement et d'un vaccin contre le Covid-19. Début avril, la Commission européenne a ainsi annoncé le déblocage d’une aide de plus de 15 milliards d’euros pour ses voisins, dont une part significative pour le continent africain.


 


Un vaccin libre d’accès


Pour le président français, il faut être « en situation, le jour où on a un traitement, de le rendre accessible au continent africain en même temps qu'il sera accessible chez nous. Donc pas d'histoires de propriété intellectuelle, de délais, de sous : on se met en capacité de le faire. »

Rached Cherif