Air Algérie : le procès de dix passagers victimes d’intoxication alimentaire a eu lieu ce mercredi

 Air Algérie : le procès de dix passagers victimes d’intoxication alimentaire a eu lieu ce mercredi

Inès Anane. Photo : DR

Air Algérie. Sur les dix plaignants, seule la moitié s’est déplacée au tribunal de Bobigny (93) ce mercredi 20 décembre. Ils ont tous en commun d’être tombés malades entre le 6 et le 7 avril 2019, victimes d’une intoxication alimentaire par une salmonelle, après avoir absorbé un plateau repas alors qu’ils se trouvaient à bord d’un avion Air Algérie. Depuis quatre ans, ils attendent ce procès.

 

L’audience civile a lieu ce mercredi après-midi au 7e étage dans un immeuble annexe du tribunal, loin du tumulte habituel du palais de justice de Bobigny.

Inès Anane, 36 ans, artiste franco-algérienne, ne tient plus en place. Le 6 avril 2019, elle est à bord d’un avion Air Algérie, en provenance d’Alger pour Paris. Une fois chez elle, elle ressent des douleurs abdominales. Après des analyses, Inès apprend qu’elle a contracté une salmonellose (voir nos éditions).

C’est elle qui, depuis son lit d’hôpital, le lendemain, le 7 avril 2019, lance un appel sur les réseaux sociaux, persuadée que d’autres ont été victimes, comme elle, d’une intoxication alimentaire.

Elle voit juste : plus d’une quarantaine de personnes lui répondent. Tous ont voyagé avec Air Algérie entre le 6 et le 7 avril 2019. Tous souffrent des mêmes symptômes : fièvres, crampes abdominales, vomissements, diarrhées…

Inès Anane réussit alors à convaincre une dizaine d’entre eux de mener une action en justice. « Certains ont préféré en rester là, je les comprends, d’autres ne voulaient pas égratigner un peu plus la réputation de cette compagnie », nous livre la jeune femme avant le début de l’audience.

Il est 15h, les débats commencent. « Je rappelle que les plaignants ne se connaissaient pas entre eux, ce qui exclut qu’ils auraient pu manger ensemble avant, démarre Maître Schuller, avocat des parties civiles devant trois juges très attentifs. Même s’il n’y a que dix plaignants, à ce jour, plus d’une quarantaine de personnes sont tombées malades, tous victimes d’une intoxication alimentaire. Tous ont pris un vol Air Algérie le 6 avril 2019. Certains ont été hospitalisés plusieurs jours. Un de mes clients a même perdu jusqu’à 8 kilos », dénonce l’avocat. « Il y en a même qui ont pensé qu’ils étaient en train de rejoindre les portes de la mort », alerte encore Maître Schuller.

L’avocat pointe aussi le silence d’Air Algérie, « perçu comme du mépris par les plaignants ». « Mes clients ne sont pas là pour se venger d’Air Algérie, ils leur ont fait confiance, ils veulent juste que la compagnie assume».

Du côté d’Air Algérie, on reste inflexible. Pour elle, « l’origine de l’infection est toujours inconnue », soutient le conseil de la compagnie aérienne. Pour le transporteur aérien, comme l’immense majorité des passagers de ce jour-là n’est pas tombée malade, « Air Algérie ne peut donc être tenue responsable de ces intoxications alimentaires », martèle l’avocate de la compagnie.

2 817 plateaux repas auraient été fournis à bord des vols Air Algérie qui ont opéré le 6 avril 2019 à travers le monde. « Tous les passagers mangent des repas, boivent de l’eau avant d’embarquer sur nos vols », pointe l’avocate, laissant planer le doute que les plaignants auraient pu y alors contracter la bactérie.

Alors que Maître Schuller a demandé pour chacun de ses clients 10 000 euros pour préjudice physique, 2 000 pour préjudice d’angoisse et 1 000 euros pour préjudice moral, Air Algérie a appelé les juges à débouter l’ensemble des plaignants de leurs demandes.

Les juges rendront leur décision le 21 février….

 

Nadir Dendoune