Chroniques à Budapest : Le 10000 m sur piste, une course à part…

 Chroniques à Budapest : Le 10000 m sur piste, une course à part…

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Notre journaliste Nadir Dendoune est à Budapest en Hongrie pour couvrir les Championnats du monde d’athlétisme qui ont démarré hier, samedi 19 août. Justement hier soir vers 21h, avait lieu la finale du 10000 m femmes.

La première finale de course disputée autour d’un stade et la seule de la soirée est toujours le 10000m, soit 25 tours de piste. Interminable surtout quand tu es en galère, quand tu souffres le martyr. Que ce soit aux Jeux Olympiques ou dans les différents championnats, aux Europe ou comme ici, aux Mondiaux d’athlétisme, on commence toujours par la course la plus difficile, par la plus exigeante. C’est une juste récompense !

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Une course à part

Le 10000m sur piste est vraiment une course à part. Cette course de fond est tellement difficile, que comme pour le marathon, il n’y a pas de série. On passe directement par la finale.Si la masse, même le moins entrainé, même le fumeur de joint, même l’alcoolique anonyme, est capable de faire un 10 bornes sur route, réussir à courir 25 tours de piste, c’est une autre paire de baskets.

C’est une « vieille course ». Chez les messieurs, c’est Jean Bouin, un Français qui établit en 1911 le premier record du monde de l’histoire sur 10 000 mètres, en 30 min 58 s 8. Un record qui tiendra plus de dix ans ! Puis viennent les décennies finlandaises, jusqu’aux années 1950 et tchèques, avec l’immense Emil Zátopek, avant la domination sans partage du Kenya et de l’Ethiopie jusqu’à aujourd’hui.

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1981 pour les femmes sur 10000 mètres

Chez les femmes, il faut attendre 1981 pour que leurs records sur 10 000 m soient homologués.  Et comme pour les hommes, ce sont les Africaines qui dominent la spécialité.

Ce samedi 19 août, pour la première journée de compétition aux Mondiaux de Budapest en Hongrie, ce sont les dames qui ont eu le privilège d’ouvrir le bal. Elles sont 22 sur la ligne de départ pour ce 10000 m. Pas de Françaises malheureusement, quelques Européennes, comme l’Anglaise Elish McColgan, 7e meilleure performeuse de l’année (30.00.86) qui pourrait faire bonne figure, des Américaines, mais surtout , et ce n’est pas une surprise une majorité d’athlètes africaines, dont quatre Ethiopiennes.

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Des athlètes féminines d’exception

Pour se qualifier aux Mondiaux de Budapest cette année, il fallait courir le 10000m en 30 minutes et 40 secondes, pas tout à fait 20km\h de moyenne mais presque ! Les gars qui osent encore se foutre de la tronche des filles, sur le fait qu’elles seraient physiquement faibles, feraient mieux d’aller s’acheter un vélo électrique, ils arriveraient peut-être alors à suivre ces athlètes d’exception.

Le record du monde de la spécialité (10000m) est détenu par Letesenbet Gidey en 29 min 01 sec 04, grande favorite de l’épreuve, présente à Budapest. L’Éthiopienne a battu l’ancien record de la néerlandaise Sifan Hassan en juin 2021, également sur la ligne de départ, après avoir couru samedi après-midi une série du 1500m où elle s’est qualifiée facilement pour le tour suivant. Sifan Hassan est née en Ethiopie et a été naturalisée hollandaise en 2013. Depuis, elle rafle tout en demi-fond (1500 m à 10000 m). Bon, ce sont des performances qui en étonnent plus d’un(e). Son ancien entraîneur américain Alberto Salazar a été suspendu en 2019 pour « incitation au dopage »…Elle continue de courir, ne prêtant pas attention à toutes ces suspicions. Ce soir, elle fait partie des favorites, avec les autres Éthiopiennes.

Il manque du monde pour la 1ère soirée de gala

21h et quelques minutes. La course démarre enfin. Il fait relativement doux. La journée fut terriblement chaude, même à l’ombre, on a transpiré comme des moutons. Le stade flambant neuf de Budapest qui peut accueillir jusqu’à 40000 spectateurs, construit spécialement pour cette occasion n’est pas tout à fait plein pour cette première soirée de gala, mais ça promet pour la suite de la compétition.

Pourtant, le prix des places est assez accessible, entre 7 euros et 54 euros pour les plus chères. L’un des organisateurs avec qui je me suis entretenu cet après-midi a insisté. Les compétitions sportives doivent rester accessibles à tous, surtout quand il s’agit d’athlétisme, un sport populaire. Je lui ai répondu qu’il avait entièrement raison. Je trouvais assez ironique que pour nos jeux olympiques de l’année prochaine à Paris, les pauvres ne pourront que se payer des billets à 24 euros pour aller voir les joueurs de Golf, le sport numéro 1 des riches !

Au final, dans ce 10000m, tout s’est passé comme prévu, enfin presque… Quand les Africaines à 7 tours de l’arrivée, ont décidé d’accélérer, très peu ont pu suivre la cadence infernale.

Une chute qui fait mal sur le 10000 mètres femmes

La vraie surprise est venue à la toute fin. Sifan Hassan est au coude à coude pour le titre. La la ligne d’arrivée n’est qu’à quelques mètres. Soudain, elle chute, toute seule, laissant sa plus grande rivale Gudaf Tsegay l’emporter. L’Éthiopienne devance ses deux compatriotes, la recordwoman Letesenbet Gidey (2e) et Ejgayehu Taye (3e). Un triplé éthiopienne pour le 10000 mètres ! Sifan Hassan la néerlandaise franchit la ligne en marchant, à une anonyme 11e place. Elle était à plus de 25 secondes de la lauréate du soir.

Plus tard, dans la soirée, dans le relais 400m mixte, sa compatriote Femke Bol, tombe elle aussi à un mètre de l’arrivée. Le témoin s’échappe loin d’elle. Elle se relève, passe la ligne en 3e position, croyant à la médaille, mais est disqualifiée logiquement. Elle n’avait plus le bâton dans les mains. Une soirée maudite pour les Pays-Bas qui aurait pu être ce soir en tête des nations en nombre de médailles…

Pour ne pas changer, ce sont les Américains avec déjà 3 médailles, deux titres de champion du monde et une breloque en bronze qui sont devant. Pour nos bleus, la première journée n’a pas été flamboyante. A noter une qualification au prochain tour pour Azeddine Habz sur 1500m et une 4e place en finale du relais mixte sur 400m…

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Nadir Dendoune