Driss Khrouz : « Le Royaume doit rester ouvert aux autres peuples »

 Driss Khrouz : « Le Royaume doit rester ouvert aux autres peuples »

Le Pr Driss Khrouz lors de la remise de Trophées au 70ème anniversaire de la Maison du Maroc (Crédit photo Mina Kawashy)

A l’occasion de la semaine de célébration du 70ème anniversaire de la Maison du Maroc à Paris, le professeur et directeur général de l’Esprit de Fès et du forum du festival des musiques sacrées, Driss Khrouz a accepté de revenir pour nous sur le rôle de cette maison à Paris, sur l’enseignement supérieur au Maroc et sur l’ouverture du Maroc vers l’étranger.

Le Courrier de l’Atlas : Que représente la Maison du Maroc pour les Marocains qu’ils soient à Paris ou au Maroc ?

Driss Khrouz : Ce n’est pas simplement un hôtel ou un lieu de résidence pour les étudiants. Des centaines d’hommes politiques, ingénieurs ou entrepreneurs sont passés par là. Il s’agit d’un lieu où le Maroc s’exprime dans ce qu’il est. Dans la Cité Universitaire Internationale, elle est au milieu d’un endroit qui réunit plusieurs cultures et sensibilités. Elle sert la culture, le savoir, le métissage et l’interconnexion entre des civilisations. Le Maroc est présent à travers à sa maison. Cela permet au Royaume de se faire connaitre sur ce site mais aussi à Paris. Il faut également penser aux relais que pourraient avoir cette Maison du Maroc avec les institutions universitaires au Maroc. Il nous faut une synergie plus approfondie. Par le passé, elle a existé dans la contestation. Il est grand temps pour que cet espace rayonne et soit un lien entre le monde universitaire à Paris et le Maroc.

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Le Courrier de l’Atlas : Comment voyez-vous l’état de notre enseignement supérieur au Maroc ?

Driss Khrouz : Il est plus international. Nous sommes plus portés par les grandes questions de la connaissance et de la recherche. Toutefois, on rencontre de nombreux freins. L’enseignement supérieur a eu du mal à sortir de la massification et de la gestion des cohortes énormes d’étudiants. Il commence à aller dans le bon sens. Nous devons suivre des modèles existants à travers les langues, la capacité à prendre des responsabilités et l’innovation. Le Maroc se cherche dans la voie de l’excellence. On sait ce qu’il faut faire et on commence à le faire.

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Le Courrier de l’Atlas : Vous êtes directeur général de la fondation de l’Esprit de Fès. Vous dirigez le forum du festival des musiques sacrées de Fès. Est-ce justement cet esprit d’ouverture que nous devons garder en tête pour le développement du Maroc ?

Driss Khrouz : Le Maroc doit rester ouvert aux autres peuples du Monde. Nous devons sortir de cette autosatisfaction que nous avons un très bon patrimoine par exemple. Tout cela ne vaut que par l’ouverture. Il faut faire connaitre les autres Maroc. Quand on parle du Festival de Fès des Musiques sacrées du Monde, c’est aussi faire connaitre les autres musiques sacrées du Monde aux Marocains. Ce n’est pas simplement faire découvrir la musique marocaine aux étrangers. Nous pouvons évoluer en allant vers l’excellence à partir de ce que nous sommes. Nous devons permettre aux autres peuples de mieux nous connaitre. Cela nous donnerait l’occasion de relativiser ce que nous avons. Cela engendre des expériences nouvelles. On pourra cheminer avec ce que l’on est, avec les autres. Cela concerne la création, la musique, l’art, le savoir, la religion, la morale ou le vivre ensemble.

 

Yassir Guelzim

Yassir GUELZIM

Journaliste Print et web au Courrier de l'Atlas depuis 2017. Réalisateur de documentaires pour France 5.