Calais : Pour l’Auberge des Migrants, la décision du Conseil d’Etat est « un minimum »

 Calais : Pour l’Auberge des Migrants, la décision du Conseil d’Etat est « un minimum »

L’auberge des migrants à Calais. DENIS CHARLET / AFP


Lundi (31 juillet), le Conseil d'Etat a rejeté les appels du ministre de l'Intérieur et de la mairie de Calais contre une ordonnance du tribunal administratif de Lille exigeant la création de dispositifs d'accès à l'eau et autres mesures d'aide aux migrants. Pour les associations, qui avaient en premier lieu saisi le tribunal administratif de Lille, la décision du Conseil d'Etat ne reste qu'un minimum…


Minimum


En juin dernier, onze associations ainsi qu'une cinquantaine de migrants saisissaient le tribunal administratif de Lille pour dénoncer « des atteintes graves et répétées aux droits et libertés » des réfugiés de Calais. Peu auparavant, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, faisait état de « conditions de vie inhumaines ».


Pour l'association l'Auberge des Migrants, le fait d'avoir saisi le TA de Lille était nécessaire et la décision du Conseil d'Etat n'est qu'un minimum : « Ça n'a pas été vain mais c'est vraiment un minimum. Tout l'arrêté repose sur la base du fait de ne pas faire subir aux gens des traitements inhumains et dégradants, uniquement ça. On n'en est pas au niveau de l'accueil des gens ou autre, c'est vraiment juste se soumettre aux lois internationales » explique Christian Salomé, président de l'Auberge des Migrants. Ce dernier ajoute : « Déjà, si l'Etat respecte la législation internationale c'est très bien. Et oui, malheureusement on en est là ! ».


Centres de Troisvaux et Bailleul


Lundi, quelques heures après l'annonce de la décision du Conseil d'Etat, le Premier ministre, Gérard Collomb, annonçait l'ouverture de deux centres l'un à Troisvaux (Pas-de-Calais) et l'autre à Bailleul (Nord). Pourtant, le centre d'accueil de Belval (Troisvaux) est en fonctionnement depuis la mi-mai et le centre de Bailleul n'est autre qu'un ex-formule 1 réhabilité le mois dernier qui accueille déjà des migrants.


Pour le président de l'Auberge des Migrants, cette décision ne répond pas au problème calaisien : « Ces centres sont déjà ouverts. Ce n'est pas nouveau et ça ne répond pas à la


problématique de Calais. A Calais, ce sont des gens qui veulent aller en Angleterre. Ils vont ouvrir des centres d'accueil… Pour ceux qui veulent rester en France, c'est très bien de faire ça. Mais il n'a pas compris le problème. Il ne répond pas au problème en tout cas ».


Toutefois, même si l'association distribue déjà des vivres, de l'eau et des vêtements, la décision du Conseil d'Etat reste une bonne chose : « De toutes façons, la fourniture d'eau c'était vraiment une de nos activités, nous avons un camions qui fait ça à longueur de journée mais on a en tout 14 camions qui circulent (…) Déjà au moins les gens auront de l'eau, c'est un plus pour les réfugiés. Pour nous, ce sera un camion qui sera affecté à autre chose ».


Malgré la décision du Conseil d'Etat allant dans le sens de la mise de mesures pour des conditions de vie plus dignes des migrants, les conditions d'accueil restent largement améliorables.


CH. Célinain


 

Charly Célinain