Rassemblement contre l’état d’urgence : une cause perdue ?

 Rassemblement contre l’état d’urgence : une cause perdue ?


 


Hier (mercredi 3 février), lors du conseil des ministres, la question de la prolongation de l’état d’urgence était au centre des débats. C’est pourtant sans réelle surprise qu’une prolongation de trois mois a été annoncée par le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll. Alors qu’il devait prendre fin le 26 février, ce régime d’exception est en passe de devenir la règle. Pour éviter ce glissement, plusieurs associations appellent à une mobilisation le 5 février, devant l’Assemblée nationale.


 


Toujours utile ?


Au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, la mise en place de cet état d’urgence était justifié par le besoin endiguer le terrorisme. Près de trois mois plus tard, l’excuse du terrorisme peine à convaincre une partie de la société civile. D’autant plus que sur les 549 procédures ouvertes, depuis le début de l’état d’urgence, « seules 5 concernent des associations de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, dont une information judiciaire ». De quoi donner raison à tous ceux qui sont pour la fin de l’état d’urgence, qui se réuniront dès demain après-midi (5 février) devant l’Assemblée nationale.


 


Stop à l’état d’urgence


En première ligne des associations contre l’état d’urgence nous retrouvons la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), qui a émis une requête pour la suspension de l’état d’urgence auprès du Conseil d’Etat. Outre le LDH, les collectifs « Nous ne céderons pas » et « Stop état d’urgence », rassemblant des dizaines d’associations syndicats et organisations, étaient déjà à l’origine des manifestations du 30 janvier déplaçant 40 000 personnes dans près de 80 villes en France. Demain, les deux collectifs espèrent en déplacer encore plus « contre l’état d’urgence et les différents projets de loi qui le renforcent : constitutionnalisation de l’état d’urgence et de la déchéance de la nationalité, reconduction de l’état d’urgence et durcissement des lois pénales ».


 


Simplement, Stéphane Le Foll l’a confirmé et l’éminent Serge Slama, maître de conférences en droit public à l’université Paris Nanterre, ne semble pas croire à un retour à la normal (20minutes.fr) : « La menace terroriste existera toujours dans trois mois, puis il y aura l’Euro de football, la présidentielle… L’exécutif est pris au piège et risque de prolonger l’état d’urgence de manière perpétuelle »…


 


F. Duhamel

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