Mohamed Nouar, l’humour classe

 Mohamed Nouar, l’humour classe

crédit photo : Arash Khaksar


Dans son one-man show, cet humoriste sagace dispense des conseils cocasses pour devenir un gentleman. Si les relations amoureuses sont le fil conducteur de son spectacle, il y aborde aussi le racisme, les différences culturelles. 


Silhouette élancée dans un costume sur mesure, barbe soigneusement taillée, sourire extra-large, gestuelle maîtrisée… sur scène, “Mr Nouar” joue la carte du dandy chic dans “How to be a gentleman” ? “Je trouve drôle qu’un jeune d’origine maghrébine incarne un gentleman. Car on n’est pas associé à ça en général ! Ce sont plutôt les clichés du délinquant, de la racaille, du terroriste. Omar Sharif est sans doute le dernier gentleman arabe dans l’esprit des gens.” Nourri par son observation du quotidien, son spectacle, fin et caustique, gravite autour des relations hommes/femmes, son sujet de prédilection. “C’est universel, intemporel. Et ça m’amuse d’inverser les caricatures classiques, que la femme soit autoritaire et l’homme dominé, un peu fragile.”


 


Adepte de l’ironie


De nature joviale, il se sert du rire pour désamorcer les difficultés de la vie, comme la discrimination. Exemple : quand on lui demande de se justifier en tant qu’Arabe et musulman sur l’actualité, sa réponse fuse : “Comme si j’étais le délégué de classe de tous les Arabes et musulmans de France ! On n’est pas des clones…”


D’origine algérienne, “d’un bled perdu que même les Algériens ne connaissent pas !”, Mohamed a grandi à Perpignan, dans le quartier gitan de Saint-Jacques. Sa passion pour les planches commence au collège. Face à une classe un peu agitée, une professeure enseigne le français autrement, par le théâtre. Doué, l’apprenti comédien retient le précieux conseil de son enseignante : choisir un métier que l’on aime, peu importe le salaire.


Sa licence d’arts du spectacle en poche, il affûte son jeu dans les cafés-théâtres parisiens. “C’est la meilleure école : roder ses textes face au public, encaisser les bides. Et c’est très important pour trouver son style. Car en tant qu’humoriste, tout repose sur ta personnalité.”


A l’affiche du Point Virgule et de l’Apollo Théâtre, ­chroniqueur sur France Inter, membre du Jamel Comedy Club, il conquiert rapidement son public grâce à ses ­vidéos sur le web. Comme ce sketch ironique, où un ­recruteur s’enthousiasme d’embaucher un candidat ­musulman de banlieue. “C’est un monde à l’opposé du réel. Ça fait rire mais ça ne devrait pas, ça devrait être normal.”


 


Défenseur de la diversité


Lui qui rêve de cinéma déplore que les médias et les écrans en général ne soient pas représentatifs de la diversité française. “Selon le Conseil supérieur de l’audio­visuel, les minorités, toutes confondues, représentent seulement 20 % des rôles au sein des fictions télévisées. Avec des personnages souvent stéréotypés… Il faut que les scénaristes et les ­producteurs en soient conscients, et agissent en ce sens. A New York, je vois de la mixité partout !” Nul doute que son talent et sa subtilité sauront faire avancer les mentalités. 

La rédaction du Courrier de l'Atlas