« J’espère que notre profession ne sera pas sacrifiée sur l’autel de cette pandémie », Sarah El Hammouti, avocate 

 « J’espère que notre profession ne sera pas sacrifiée sur l’autel de cette pandémie », Sarah El Hammouti, avocate 

Sarah El Hammouti avocate au barreau de Paris. Photo : DR

Sarah El Hammouti est avocate au barreau de Paris, intervenant principalement en contentieux des affaires civiles et commerciales. Elle nous explique en quoi l’épidémie du Covid 19 a changé sa manière de travailler.

 

LCDL : Comment s’exerce votre métier d’avocat en ces temps de pandémie ? 

Sarah El Hammouti : Nous exerçons notre métier autant que faire se peut. Il faut distinguer l’activité au cabinet et au tribunal. Au Cabinet, nous essayons de privilégier les rendez-vous téléphoniques et par visio, et d’éviter les réunions sur place sauf nécessité. Lorsque nous recevons les clients, nous respectons les gestes barrières et nous avons établi un protocole sanitaire strict.

Au tribunal, nous plaidons masqués mais il n’y a vraiment pas de limitation de personnes pour certaines audiences, notamment en référé. Devant les prud’hommes, les règles sont plus strictes et le nombre de personnes en salle d’audience est limité.

Quelles conséquences a eu la pandémie sur l’exercice de votre métier ?

La pandémie a donné lieu au renvoi d’un grand nombre d’audiences et a un allongement des délais de procédure. Au niveau de l’organisation de notre activité judiciaire, ça a été de nombreuses fois « la Croix et la bannière » pour prendre attache avec les greffes.

Il a fallu aussi gérer la relation client et rassurer quant à des procédures qui devenaient interminables. Pour ma part, je n’ai pas interrompu réellement mon activité et travaillait en télétravail. Durant le confinement, certains confrères ont bénéficié de l’aide de l’Etat de 1500 euros et d’un report des échéances concernant les charges sociales.

Avez-vous pensé à rendre votre robe ?

Pour ma part, ça ne m’a pas traversé l’esprit. J’exerce ce métier avec une réelle passion même si parfois, c’est contre vents et marées. Mais je sais qu’il y a une paupérisation de la profession et beaucoup de mes confrères songent à rejoindre le salariat.

Est-ce que la pandémie a eu pour effet de développer le télétravail dans votre cabinet d’avocats ?

Il est vrai que cette pandémie nous a tous amenés à revoir notre manière d’exercer. Un certain nombre de taches peuvent être exercées à distance mais certaines nécessitent du contact humain. Je pense que la plaidoirie est utile pour éclairer la juridiction et que banaliser le dépôt de dossiers n’est pas très bon pour certaines questions…

Etes-vous confiante pour l’avenir ?

L’activité d’avocat est des plus fluctuantes, et je crois que, comme tous les corps de métier, nous ne sommes pas vraiment rassurés. On espère qu’on pourra tous continuer à exercer le métier qu’on a choisi.

J’espère juste que notre profession ne sera pas sacrifiée sur l’autel de cette triste pandémie.

 

Nadir Dendoune