Abdel Feghoul, une affaire en béton

 Abdel Feghoul, une affaire en béton

crédit photo : Malika Ouaddah


Les blocs en béton de la société Blocstop sécurisent de nombreux événements en France. Ils ont été imaginés par un Bordelais de 42 ans au lendemain de l’attentat de Nice, en juillet 2016. Récit d’une success story. 


MAGAZINE NOVEMBRE 2017


Sur son smartphone, les appels et les mails de demandes de collaboration et de devis affluent de partout. “Un truc de dingue”, confie Abdel Feghoul, presque étonné de l’engouement suscité par son produit. L’idée de ces blocs en béton lui est venue après l’attentat du 14 juillet 2016, à Nice. Dès le lendemain, choqué par l’ampleur du drame, ce Bordelais de 42 ans, originaire de Seine-Maritime, cogite. Il veut trouver une solution matérielle pour “se protéger de la folie meurtrière des hommes”. Il commence à concevoir dans son jardin un premier modèle de bloc, qu’il améliore peu à peu.


 


Déjà une trentaine de clients


Depuis la création de sa société Blocstop, en 2016, près d’une trentaine de collectivités locales, des préfectures et des commissariats de police ont fait appel à ses services. Et aussi des villes comme Bordeaux, Marseille, Dunkerque, Valenciennes. A Paris, par exemple, ses blocs ont sécurisé le dernier Fnac Live et le défilé d’un grand groupe de cosmétiques lors de la Fashion Week. Mais sa première commande visait à protéger le Déca­star, une compétition d’athlétisme qui se déroule à ­Talence depuis quarante ans. Une ville girondine qu’il connaît bien puisqu’il y a grandi et y a œuvré en qualité de conseiller municipal, délégué à la jeunesse de 2001 à 2008. Plus tard, il se présentera, toujours dans le canton de Talence, en tant que candidat Divers droite aux élections cantonales où il obtiendra 5,9 % des suffrages. Car ce qu’il aime avant tout, “c’est le challenge”. “Il n’y a pas grand-chose qui me fait peur. Demandez à mes proches : quand j’ai une idée en tête, rien ne m’arrête.”


Et des idées, des envies, ce Franco-Algérien, marié et père de trois enfants, n’en manque pas. Observer, comprendre et agir, telle pourrait être sa devise. Pragmatique, il souligne que ses origines n’interfèrent pas dans le milieu professionnel : “Je suis un entrepreneur, point.” Il confie aussi être amoureux de la nature et passer du temps dans son jardin. Abdel Feghoul a le contact ­facile, sans chichi, et assure : “Je fais toujours le premier pas vers les autres”. Une fois par semaine, il joue au ­futsal, du football en salle, avec ses employés. Car le foot, comme les voyages, est une autre de ses passions. Ce “fan du beau jeu” n’hésite pas à partir en vadrouille sur un coup de tête pour une compétition à l’étranger.


 


Plus de 2 000 blocs ont été produits


L’homme n’en est pas à son coup d’essai en termes d’entrepreneuriat. Après des études en électrotechnique à Talence, il rejoint le Centre expérimental du BTP à Toulouse. Deux ans plus tard, à 25 ans, de retour à Bordeaux, il crée sa première entreprise. La société, spécialisée dans l’installation électrique provisoire pour l’événementiel, existe encore aujourd’hui. Cette expérience lui a permis de poser les jalons de ce qui allait devenir Blocstop. Depuis sa création, plus de 2 000 blocs en ­béton sont sortis du site de Cestas. L’usine emploie sept salariés et prévoit d’en embaucher six autres pour ses nouvelles unités de fabrication en cours de création à Villeneuve-le-Roi, en région ­parisienne, et à Marignane (Paca). Et en 2018, Abdel ­Feghoul espère recruter une quinzaine de commerciaux et d’installateurs. Une affaire en béton armé. 


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Malika Ouaddah