Le 60e anniversaire de la Guerre d’Algérie au cœur de la semaine politique française

 Le 60e anniversaire de la Guerre d’Algérie au cœur de la semaine politique française

Le président français Emmanuel Macron a reconnu les massacres d’Oran et de la rue d’Isly en 1962, lors d’une rencontre avec des représentants des familles rapatriées d’Algérie en 1962, à l’Elysée à Paris, le 26 janvier 2022. Ludovic MARIN / PISCINE / AFP

À quelques semaines du 60e anniversaire de son indépendance, l’Algérie s’invite dans l’actualité française. Mardi soir d’abord, après d’intenses débats, le Sénat a voté en première lecture un projet de loi pour demander « pardon » aux les harkis et à leurs familles. Puis mercredi avec un geste mémoriel d’Emmanuel Macron concernant la fusillade de la rue d’Isly à Alger.

 

Les sénateurs ont adopté à l’unanimité (331 voix pour, 13 abstentions) le projet de loi voulu par le président de la République. Le 20 septembre dernier, il avait demandé « pardon » aux harkis, ces Algériens qui ont combattu aux côtés de l’armée française. À la fin de la Guerre d’Algérie la métropole les a « abandonnés ». Beaucoup d’entre eux ont subi des représailles sanglantes après le départ des troupes françaises. La plupart de ceux qui ont réussi à fuir ont été parqués dans camps en France.

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Ce texte est « celui de la reconnaissance par la Nation d’une profonde déchirure et d’une tragédie française, d’une page sombre de notre Histoire », a souligné la ministre chargée de la Mémoire et des anciens Combattants Geneviève Darrieussecq. Pour la rapporteuse Marie-Pierre Richer (LR), s’il « comporte des avancées importantes ». Mais, le projet de loi a aussi « un goût d’inachevé ». Nombre d’élus ont ainsi martelé qu’il ne pourrait valoir « solde de tout compte ».

302 millions d’euros pour les harkis maltraités à la fin de la Guerre d’Algérie

Pour les 90 000 harkis et leurs familles qui ont fui l’Algérie, le texte reconnaît « les conditions indignes de l’accueil ». Près de la moitié d’entre eux ont été relégués dans des camps et des « hameaux de forestage ». Ces lieux « furent des lieux de bannissement, qui ont meurtri, traumatisé et parfois tué », a affirmé la ministre.

Pour ceux-ci, le projet de loi prévoit « réparation » du préjudice avec, à la clef, une somme forfaitaire tenant compte de la durée du séjour dans ces structures. Le gouvernement estime le nombre de bénéficiaires potentiels à 50 000, pour un coût global de 302 millions d’euros sur environ six ans. 40 000 rapatriés qui n’ont pas séjourné dans ces structures, mais dans des « cités urbaines », ne sont donc pas éligibles à la réparation. Un mécanisme de réparation « à la fois partiel et partial », s’est insurgé Philippe Tabarot (LR).

Reconnaissance de la « fusillade de la rue d’Isly » à Alger

Le lendemain du vote, Emmanuel Macron a poursuivi sa série de prises de parole et de commémorations liées à la guerre d’Algérie. En recevant des associations de rapatriés français, le président de la République a reconnu le « massacre » de « dizaines » de manifestants français. Opposés à l’indépendance de l’Algérie, ils ont essuyé des tirs de militaires français, lors d’une manifestation le 26 mars 1962 à Alger, juste après le cessez-le-feu ouvrant la voie à l’indépendance.

La France n’avait jamais reconnu cette « fusillade de la rue d’Isly ». Un drame « impardonnable pour la République », a déclaré le chef de l’État. Ce dernier a également évoqué le massacre du 5 juillet 1962 à Oran. Quelques heures avant la proclamation officielle de l’indépendance de l’Algérie, des centaines d’Européens, essentiellement des Français, avaient été tués. L’évocation de cet autre épisode sanglant de l’histoire commune des deux pays pourrait faire réagir Alger. Les témoignages mettent en effet en cause des auxiliaires de police algériens et des membres de l’armée de libération nationale.

 

Rached Cherif