France. ACLEFEU termine en beauté
Pendant des mois
Jusqu’à la dernière seconde, le collectif de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) a battu le pavé pour inciter les gens à se rendre aux urnes. En attendant les résultats, un barbecue a été organisé avec des habitants de la commune. (Photo LCDA)
« Il faut aller voter », « Mobilisez-vous », hurle le mégaphone dans les rues de Clichy-sous-Bois. Au micro, des jeunes du collectif ACLEFEU qui arpentent les quartiers de la commune pour inciter les habitants à aller voter. Sur le Kangoo blanc, des affiches « Voter, c’est exister » et « On lâchera rien » attirent l’œil des badauds. « Ils ont bien raison, il faut se mobiliser », s’enthousiasme un père de famille.
Le collectif se bat depuis des années contre l’abstention, alors en ce jour d’élection, il n’était pas question de baisser pavillon. « Depuis octobre, on a démarré la campagne », rappelle Mohamed Mechmache, président du collectif. « On est crevés, mais on voulait aller jusqu’au bout ».
Et ils ont bien fait. Comme en 2007, la mobilisation ne faiblit pas sur la commune : « Il y avait déjà 50% de votants à la mi-journée, on est contents, la sensibilisation a fini par payer ».
« Ému par la mobilisation »
Pendant des mois, le collectif a organisé des actions pour mobiliser la population. Des réunions de quartiers au ministère de la crise des banlieues, en passant par le tour de France. « C’est une réussite », confie Mehdi, membre du collectif et président d’un bureau de vote de la ville. « Je ne doutais pas de la mobilisation, mais là, ça dépasse mes espérances » déclare-t-il.
« Ce matin, j’ai pris un livre pour les moments de creux, je n’y ai pas touché, le bureau ne désemplissait pas », raconte-t-il. Une mobilisation qui a touché bien au delà de la jeunesse : « La population était intergénérationnelle, certains venaient d’être naturalisés et venaient avec leurs enfants. Il y avait un réel engouement, j’étais ému de voir cette mobilisation », nous confie-t-il.
À la sortie d’un bureau de vote de la commune, une jeune mère de famille d’origine algérienne abonde dans son sens. « J’attendais ce moment avec impatience. Je veux que ma voix puisse faire changer les choses », explique Naïma. Plus loin, deux jeunes de 20 ans quittent le bureau de vote tout sourire : « Au moins, on pourra plus nous taper dessus en disant qu’on ne se mobilise pas ». L’aboutissement d’un travail de longue haleine pour Mehdi : « La banlieue va peser dans cette élection, c’est une victoire pour nous ».
« Nous allons rester vigilant »
« Tout n’est pas terminé. Il reste un deuxième tour et beaucoup de gens ne se déplaceront qu’à ce moment-là, il faut continuer à mobiliser », assure Mehdi.
En attendant, place aux résultats du premier tour. Pour l’occasion et malgré le temps mi-figue mi-raisin, le collectif a organisé un grand rassemblement à son local entre barbecue et grandes salades. « On va attendre les résultats avec de nombreux habitants qui vont nous rejoindre pour manger avec nous », précise Mohamed Mechmache.
Dans une ambiance festive, les militants profitent de ce moment pour souffler. Mais pas question de baisser la garde. Vendredi 27 avril, le collectif organise un grand débat à Clichy-sous-Bois. Dans quelques jours, ils devraient donner une consigne de vote. Le 6 mai, rebelote avec sensibilisation et repas dans l’attente de découvrir le nouveau président. Mais « même après l’élection, nous resterons vigilants » prévient déjà Mohamed Mechmache.
Jonathan Ardines
