France-Allemagne. Rencontre à haut risque à Berlin

 France-Allemagne. Rencontre à haut risque à Berlin

François Hollande et Angela Merkel lors de la conférence de presse conjointe suivant leur entretien de travail. Odd Andersen / AFP


En allant à Berlin rencontrer la chancelière allemande le jour même de son investiture, François Hollande veut montrer qu’il entend s’attaquer d’urgence au problème de la crise européenne. De son côté, Angela Merkel n’entend pas renoncer facilement à l’orthodoxie budgétaire.


 


Relance européenne contre rigueur budgétaire


Après 17 ans d’absence, la gauche revient au sommet de l’État français avec la volonté de rompre avec la politique de rigueur jusque-là prônée pour résoudre le problème de la dette. Seulement, de l’autre côté du Rhin, on se méfie de la politique de croissance européenne voulue par François Hollande, synonyme de dépenses publiques et de déficits.


Les légères maladresses du président français dues au protocole ou à l’enjeu de la rencontre ont été abondamment commentées à Berlin, mais son hôte était heureusement là pour le guider. Malgré le mauvais présage apparu sous la forme d’un éclair frappant l’avion présidentiel (obligeant François Hollande à faire demi-tour pour changer d’appareil), la rencontre a pris des allures de prise de contact constructive.


Conscients de l’importance du lien franco-allemand pour guider le train européen, les deux dirigeants ont tenu en effet à afficher leur unité lors d’une conférence de presse conjointe, avant de se rendre à un dîner de travail.


 


Le maintien de la Grèce dans l’eurozone fait consensus


Leurs points de vue se rejoignent sur certains dossiers, notamment le maintien de la Grèce dans la zone euro. Il semble évident que le scénario d’une sortie de ce pays de l’eurozone serait catastrophique, non seulement pour les Grecs dont la dette et l’inflation exploseraient, mais aussi pour les autres pays confrontés à des difficultés budgétaires.


En effet, ceux-ci verraient les taux d’intérêt s’envoler à mesure que la confiance dans l’unité de la zone euro s’affaiblirait, ce dont ne veulent absolument pas les autorités monétaires européennes.


 


Nécessité du rapprochement entre les deux bords du Rhin


Le 23 mai prochain se tient un sommet informel des dirigeants européens, lors duquel le président français estime que « tout doit être mis sur la table par les uns comme par les autres : tout ce qui peut contribuer à la croissance ». Il fait notamment référence aux fonds structurels européens et aux euro-bonds. François Hollande, jusque-là défenseur d’une renégociation du pacte budgétaire, a laissé entendre qu’il pourrait accepter l’idée d’un texte séparé sur la croissance.


Angela Merkel estime de son côté qu’il « sera très important que la France et l’Allemagne présentent ensemble leurs idées en juin au Conseil (de l’Europe, ndlr) ». Voilà donc les dirigeants des deux premières puissances européennes condamnés à s’entendre.


François Hollande n’a pas le droit d’échouer sur un des thèmes principaux de sa campagne alors que la chancelière, affaiblie par des revers électoraux, doit se renforcer en vue des législatives de l’année prochaine.


 


Rached Cherif

Rached Cherif