Sainte-Soline: condamnation des opposants aux bassines

 Sainte-Soline: condamnation des opposants aux bassines

L’accusé et porte-parole du collectif « Bassines non merci » Julien Le Guet (C) et l’activiste du groupe écologiste français « Les Soulèvements de la Terre » (SLT) Benoit Feuillu (D) sortent du tribunal correctionnel après le verdict de leur procès à Niort, dans l’ouest de la France, le 17 janvier 2024. (Photo par PHILIPPE LOPEZ / AFP)

La justice a choisi la fermeté contre trois militants, condamnés à de la prison avec sursis pour organisation de manifestations interdites à Sainte-Soline en mars dernier.

 

C’est un jugement qualifié de « politique » par les opposants aux méga bassines, suite aux manifestations à Sainte-Soline, en octobre 2022, puis en mars 2023. Le tribunal correctionnel de Niort a suivi les réquisitions du procureur qui avait fustigé le « climat de terreur » dans le département des Deux-Sèvres.

Le porte-parole du collectif « Bassines non merci » a été condamné à 12 mois de prison avec sursis et à une interdiction de paraître pendant trois ans à Sainte-Soline et Mauzé-sur-le-Mignon, où se trouve la première des 16 bassines contestées en projet. Il a annoncé faire appel de cette décision.

Prochaine mobilisation en juillet

D’autres membres du collectif Les Soulèvements de la Terre ont été condamnés à neuf mois et six mois de sursis, avec également interdiction de paraître dans les Deux-Sèvres. Ces mesures d’interdiction de paraître dans les Deux-Sèvres pourraient empêcher ces militants de participer à la prochaine mobilisation contre les « bassines » annoncée en juillet dans le Poitou, avant les Jeux olympiques de Paris.

Le tribunal a également prononcé des amendes contre les six autres prévenus pour leur implication dans quatre mobilisations entre le 26 mars 2022 et le 25 mars 2023. Parmi eux figuraient deux membres de la Confédération paysanne, deux syndicalistes locaux affiliés respectivement à la CGT et Solidaires, un membre de BNM et un agriculteur bio.

Assurance-récolte

Pour le groupement d’agriculteurs qui porte le projet de 16 réserves contestées, ces méga bassines sont des « réserves de substitution », qui visent à stocker de l’eau puisée dans les nappes en hiver afin d’irriguer les cultures en été.

Pour eux, c’est une assurance-récolte indispensable à leur survie face aux sécheresses à répétition. A l’inverse, leurs détracteurs décrivent un « accaparement » de l’eau par l’agro-industrie.

Responsabilité écrasante

Après de premières manifestations en octobre 2022 à Sainte-Soline, celle de mars 2023 avait dégénéré en affrontements avec les gendarmes, faisant de nombreux blessés. Deux manifestants ont passé plusieurs semaines dans le coma.

La Ligue des droits de l’homme avait dénoncé un « usage disproportionné » des grenades lacrymogènes, et des tirs de LBD par les forces de l’ordre. En novembre, une commission d’enquête parlementaire a en revanche conclu à la « responsabilité écrasante » des trois mouvements qui avaient appelé à manifester à Sainte-Soline, en dépit d’interdictions préfectorales.

 

Chloé Juhel