Sauvetage en Méditerranée : la loi « Piantedosi » utilisée à outrance ?

 Sauvetage en Méditerranée : la loi « Piantedosi » utilisée à outrance ?

Photo de Giovanni ISOLINO / AFP

L’Ocean Viking, navire de sauvetage de SOS Méditerranée, une nouvelle fois « détenu » à quai par les autorités italiennes. La loi « Piantedosi » met en péril les missions de sauvetage.

 

Trois mois, trois détentions. Vendredi dernier (9 février), L’Ocean Viking était une nouvelle fois retenu à quai par les autorités italiennes. L’ONG SOS Méditerranée, qui affrète le navire en partenariat avec la FICR (Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge), déplore l’impact du décret « Piantedosi ».

Portant le nom du ministre de l’Intérieur italien, Matteo Piantedosi, ce décret, adopté le 2 janvier 2023, oblige les navires de sauvetage des ONG à se rendre « sans délai » au port de débarquement assigné par les autorités italiennes, juste après un premier sauvetage.

Détention

Dans un communiqué (10 février), l’ONG indiquait qu’après avoir secouru 261 personnes migrantes en mer, l’Ocean Viking a été accueilli sur les côtes italiennes par une déclaration de détention de 20 jours assortie d’une amende de 3 333 €.

Selon SOS Méditerranée, leur navire ne pouvait faire autrement que prendre en charge les naufragés : « les quatre embarcations secourues par l’Ocean Viking n’étaient pas en état de naviguer. Elles étaient surchargées, exposées aux éléments, aucun des naufragés n’avait de gilet de sauvetage et il y a eu des facteurs aggravants de tension et de danger au cours de chaque opération ».

Imbroglio

Toujours selon l’ONG, avant le dernier sauvetage, les bateaux libyens auraient ordonné à l’Ocean Viking de quitter la zone. Ce qu’il s’apprêtait à faire jusqu’au moment où la panique s’est emparée de la dernière embarcation et des occupants se sont retrouvés à l’eau. Le navire est alors intervenu.

« Les trois autres sauvetages ont été effectués en toute transparence et en coordination avec les autorités italiennes et les navires libyens présents sur les lieux, qui ont donné leur feu vert », assure SOS Méditerranée qui s’étonne que les Libyens aient accusé leur navire de na pas avoir obéi à l’injonction de quitter la zone.

En outre, les autorités italiennes n’ont « même pas demandé les explications à notre équipage », précisait Sophie Beau, directrice générale de l’ONG, à l’AFP. L’ONG compte déposer un recours contre cette nouvelle « détention ».

 

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Charly Célinain