Des internautes pro-régime narguent les assiégés affamés avec des photos de nourriture

 Des internautes pro-régime narguent les assiégés affamés avec des photos de nourriture

Exemples de publications destinées à narguer les populations affamées des villes assiégées par les forces de Bachar al Assad.


Des partisans du régime de Damas partagent depuis vendredi des photos de leurs repas sur internet avec le hashtag arabe signifiant "solidarité avec le siège de Madaya", du nom d’une ville assiégée dont plusieurs habitants sont déjà morts de faim. Sous la pression internationale, un convoi humanitaire a été autorisé lundi à acheminer des vivres aux assiégés pour la première fois depuis trois mois.


 


 


Des assiégés affamés


La guerre civile syrienne est le théâtre des pires atrocités sur le terrain, mais aussi de tous les sadismes sur internet. Un nouveau palier a été atteint ces derniers jours, comme l’a remarqué le sérieux média britannique The Independent. Des photos montrant des tables copieusement garnies de nourritures de toutes sortes ont été diffusées, notamment sur Facebook et Twitter, à l’attention des populations affamées de Madaya.


Cette ville de l’ouest de la Syrie, ainsi que le village voisin de Zabadani, est assiégée par l’armée de Bachar al Assad depuis juillet 2015, tandis que la communauté internationale fait pression pour obtenir un accès humanitaire. La ville est « une prison à ciel ouvert » pour près de la moitié de ses habitants. « Il n'y a aucun moyen d'y entrer ou d'en sortir, juste y mourir », a affirmé début janvier le directeur des opérations de MSF, Brice de le Vingne.


Des internautes du monde entier, y compris syriens, sont également nombreux à faire part de leur indignation et à dénoncer des publications « obscènes ». Face à cette réaction et aux articles qui ont commencé à parler du phénomène dans les médias internationaux, les zélotes du président Assad ont pour beaucoup retiré leurs publications ou restreint leur accès à leurs seuls amis.


 


« Prison à ciel ouvert »


Environ 40 000 personnes subissent le blocus de l’armée loyale à l’autocrate de Damas et de ses alliés du Hezbollah depuis six mois. 28 personnes y sont déjà mortes de faim, alors que des images qui auraient pu être prises sur place montrent les corps amaigris de civils désespérés circulent internet. Certains montrent des habitants se nourrissant de feuilles et d’herbes pour tenter de survivre, mais les partisans du régime syrien ont nié la gravité de la situation en affirmant qu'il s'agissait de photos truquées.


Bachar al Assad a autorisé sous la pression internationale un convoi de nourriture et de médicaments à entrer dans la ville ce lundi pour la première fois depuis octobre. « Il y a une cinquantaine de camions avec le sigle du Croissant-Rouge syrien, qui se dirigent vers Madaya et 21 autres » vers Foua et Kafraya, a indiqué à l'AFP Pawel Krzysiek, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Damas.


L’Union européenne a réclamé que cet accès humanitaire soit élargi à d’autres secteurs, ainsi que l’arrêt des attaques de toutes les parties du conflit contre les civils. Environ 250 000 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre en 2011.


Rached Cherif

Rached Cherif