Tourisme : L’ouverture des frontières concerne un nombre limité de pays

 Tourisme : L’ouverture des frontières concerne un nombre limité de pays

Les deux ministres du Tourisme et du Transport inspectant le 2 juin dernier les mesures d’hygiène prises par l’aéroport Tunis-Carthage

Le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mohamed Ali Toumi, a déclaré aujourd’hui 5 juin que l’ouverture des frontières terrestres, maritimes et aériennes prévues pour le 27 juin prochain ne se fera pas sans exceptions. La liste de pays concernés reste en effet à déterminer. Entre-temps, les critiques fusent sur la gestion du confinement obligatoire des Tunisiens de l’étranger de retour au pays cet été.   

Le ministre explique ainsi que l’Etat a dépensé à ce jour plus de 16 millions de dinars pour le rapatriement et l’hébergement des 25 mille Tunisiens bloqués à l’étranger. « Ceci ne sera plus possible », concède-t-il sans détour.

Désormais la majorité des Tunisiens qui désirent rentrer au pays sont essentiellement des résidents à l’étranger qui désirent y passer leurs vacances, justifie Toumi. Quant à ceux qui n’ont pas les moyens de payer les frais d’hébergement dans les hôtels pour le confinement obligatoire, ils peuvent toujours contacter les consulats de la Tunisie à l’étranger, a fait savoir le ministre, sans donner plus de détails sur les alternatives proposées.

 

« Un confinement hors de prix »

Mais cette politique jugée aussi stricte qu’imparfaite est déjà critiquée quant aux prix même révisés pratiqués par les établissements hôteliers (entre 60 et 100 dinars tunisiens la nuitée hors taxes en pension complète), comme l’explique dans la même journée de vendredi le chroniqueur Adnane Belhajamor :

« On n’encourage pas le tourisme en imposant aux tunisiens de l’étranger d’aller en confinement obligatoire pendant une semaine et en payant eux même le séjour de 80 dinars la nuitée par personne dans des hôtels. Je suis désolé mais nos concitoyens résidents à l’étranger doivent pouvoir entrer normalement en Tunisie sur présentation de certificats médicaux attestant qu’ils ne sont pas positifs au Corona et aller librement où ils veulent. […] Ces gens rentrent en été pour être avec leurs familles et dépensent leur argent en investissant dans l’économie locale. En voulant les parquer dans des hôtels, on va les dissuader de venir en Tunisie cet été et d’y dépenser un argent qu’ils n’ont pas pour habitude de donner aux hôtels », s’indigne-t-il.

« Les autorités ne se sont pas suffisamment investies dans la promotion de la destination Tunisie à la faveur des résultats de notre pays en matière de lutte contre la pandémie et en faisant valoir les protocoles et les mesures prises pour assurer la prévention aux visiteurs. Les pays concurrents qui ont pourtant eu 100 et 200 fois plus de cas de Covid et des dizaines de milliers de décès, mettent les bouchées doubles pour sauver autant que peut se faire la saison touristique et nous, nous faisons des entourloupes pour remplir nos hôtels de tunisiens vivant à l’étranger, un objectif qui n’a aucune chance d’être réalisé », prévient l’analyste.

 

La Tunisie classée parmi le 7 premières destinations post-Covid

Pourtant, tout n’est pas si morose. Récemment, le pays vient d’être classée par le prestigieux Forbes parmi les 7 premières destinations touristiques recommandées post-Covid-19. Un article du site publié le 31 mai dernier désigne ainsi la Tunisie parmi une short list de pays ayant le potentiel pour devenir des destinations touristiques majeures, en cette phase de déconfinement global.

« Alors que le secteur mondial du tourisme est aux prises avec un ralentissement sans précédent, de nombreux pays du monde se préparent à un boom des visiteurs internationaux dès que les voyages seront plus réalisables – pour certains pays, ce pourrait être la première occasion d’émerger comme une force régionale de premier plan pour le tourisme », selon cet article de Jared Ranahan.

« L’Ethiopie, l’Iran, le Myanmar (Birmanie), la Géorgie, les Philippines, la Slovénie et la Tunisie ne sont pas encore devenus des destinations de classe mondiale, tous les ingrédients sont là : une beauté naturelle intacte, des ruines historiques et des expériences culturelles fascinantes peuvent être rencontrées en abondance dans toutes ces nations très sous-estimées », peut-on y lire.

Un texte qui met l’accent sur le tourisme durable et culturel, loin des clichés habituels : « Riche en plages méditerranéennes pittoresques, en ruines anciennes et en cuisine maghrébine, la Tunisie est en passe de devenir la destination idéale pour ceux qui souhaitent découvrir la culture unique et dynamique de l’Afrique du Nord. Pour les passionnés d’Histoire, les vestiges de Carthage, l’une des villes les plus riches de l’époque classique, sont incontournables », poursuit-il.

Une recommandation qui rejoint celle de l’Organisation mondiale du Tourisme (OMT) qui saluait le 3 juin courant, via son secrétaire général Zurab Pololikashvili, les avancées accomplies par le pays sur le plan sanitaire et sa gestion de la crise Covid, ce qui le place parmi les destinations sûres ayant adressé un message positif aux tours opérateurs.

 

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Seif Soudani