Prisons : Emmanuel Macron interpellé sur le monde carcéral d’après

 Prisons : Emmanuel Macron interpellé sur le monde carcéral d’après

Le président français Emmanuel Macron en réunion de travail au Palais présidentiel de l’Élysée à Paris le 4 juin 2020. Yoan VALAT / PISCINE / AFP

L’urgence sanitaire liée à la crise de Covid-19 a permis, momentanément, d’en finir avec la surpopulation carcérale. La tendance s’installera-t-elle sur le long terme pour les prisons Françaises ?

 

« Pour la première fois depuis près de vingt ans, il y a en France moins de prisonniers que de places de prison ». La crise sanitaire aura eu des effets positifs sur la situation carcérale en France.

Selon l’Observatoire International des Prisons (OIP), « en deux mois, on a réduit le nombre de personnes détenues de plus de 13 500 ». Impossible d’y penser pendant de nombreuses années !

Lettre ouverte au président Macron

C’est pour rester dans cette dynamique qu’une quarantaine d’associations et organisations professionnelles de la justice, mais aussi des personnalités politiques et publiques, ont signé une lettre ouverte (3 juin) au président de la République. Ils souhaitent que les décisions politiques futures permettent de ne pas retomber dans un système entraînant de la surpopulation carcérale.

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Volonté politique

Dans ce courrier adressé à Emmanuel Macron, les auteurs mettent en exergue le fait qu’une réelle volonté politique, additionnée à la mobilisation de l’ensemble des acteurs de la justice, ait permis de « remettre ou de maintenir en liberté des milliers de personnes sans que cela ne présente de danger en termes de sécurité ».

Et c’est cette volonté qui doit perdurer, au-delà de la crise du Covid-19, afin « qu’à la gestion de l’urgence succède une véritable politique de déflation carcérale à même de garantir l’encellulement individuel et des conditions de détention dignes et de favoriser la prise en charge en milieu libre de ceux qui peuvent ou doivent l’être ».

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Changement nécessaire

Si ces changements brutaux ont été dictés par la nécessité face à la gestion du Covid-19 dans les prisons, le gouvernement français aurait dû se pencher sur la question assez rapidement.

La Cour européenne des droits de l’homme constatait que « les taux d’occupation des prisons concernées révèlent l’existence d’un problème structurel ». Elle recommandait, par un arrêt du 30 janvier dernier, fortement à la France « l’adoption de mesures générales visant à supprimer le surpeuplement et à améliorer les conditions matérielles de détention ».

Etant donné que le délai d’appel arrive à terme le 30 mai, le gouvernement est obligé d’agir. L’évolution, dans les prochains mois, de la population carcérale devrait être étroitement surveillée.

 

Charly Célinain