Vaccins Covid-19 : le double discours des laboratoires sur le partage des doses

 Vaccins Covid-19 : le double discours des laboratoires sur le partage des doses

Le président-directeur général de Pfizer, Albert Bourla. KONSTANTINOS TSAKALIDIS / SOOC / SOOC via AFP / Octobre 2021.

Alors qu’une cinquième vague de la pandémie de Covid-19 frappe le monde, la promesse d’équité vaccinale faite par les laboratoires est loin d’être respectée.

 

« déclarations trompeuses »

« Nous sommes en bonne voie pour parvenir à notre objectif de livrer au moins 2 milliards de doses à des pays à revenus faibles et intermédiaires d’ici à fin 2022 » déclarait Albert Bourla, le PDG de Pfizer, dans un communiqué des résultats trimestriels du laboratoire début novembre. Amnesty International pointe des « déclarations trompeuses ».

Les pays sont classés économiquement par la Banque mondiale en quatre groupes : faible revenu, revenu intermédiaire de la tranche inférieure, revenu intermédiaire de la tranche supérieure et revenu élevé. L’ONG accuse le laboratoire d’amalgamer les faibles revenus avec les tranches inférieures et supérieures. Ces trois tranches regroupent 84% de la population mondiale, permettant à Pfizer de masquer la réalité de la faible part des doses envoyées dans les pays les plus pauvres.

Réalité des chiffres

Dans un courrier qui leur a été adressé, en novembre, par Pfizer, Amnesty International révèle que sur les deux milliards de doses expédiées par l’entreprise, « 154 millions de doses seulement – moins de 8 % du total – avaient atteint 42 pays à revenu faible et à revenu intermédiaire inférieur ».

De plus, le laboratoire a également indiqué « avoir distribué moins de 10 % de ces doses (soit 15,4 millions) à des pays à faible revenu ». Pour Patrick Wilcken, responsable du programme Entreprises, sécurité et droits humains de l’ONG, « ces entreprises peuvent tenter de manipuler les faits, mais les chiffres parlent d’eux-mêmes : elles continuent d’expédier la majeure partie de leurs doses dans les régions riches du globe ».

Plusieurs laboratoires visés

Afin d’étendre la capacité de vaccination dans les régions du monde les plus pauvres, l’Organisation mondiale du Commerce proposait une dérogation sur l’Accord sur les ADPIC (Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce) pour libérer provisoirement les droits de la propriété intellectuelle.

Selon Amnesty International, Pfizer, ainsi que Moderna, Johnson & Johnson ou encore AstraZeneca, « bloquent tous le partage de technologie et font du lobbying contre la dérogation » à cet accord.

L’objectif de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), de vacciner 40% de la population des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieure d’ici fin 2021, semble désormais irréalisable.

 

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Charly Célinain