Retour de Chakib Khellil et interrogations sur l’indépendance de la justice

 Retour de Chakib Khellil et interrogations sur l’indépendance de la justice

Le programme du gouvernement Benkirane suscite beaucoup d’interrogations quant au réalisme de son volet économique. DR.

Etabli aux USA depuis son inculpation par la justice algérienne en 2013, dans le cadre de l’affaire Sonatrach II, Chakib Khellil, ancien ministre de l’Energie et ami du président Bouteflika, est rentré hier au pays.

 

Accusé de corruption et poursuivi en 2013 par la justice, l’ancien ministre algérien de l’Energie, Chakib Khelil, établi aux USA, est rentré hier jeudi en Algérie, à bord d’un vol en provenance de Paris. Ayant fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par un tribunal d’Alger, il a bénéficié d’un accueil présidentiel au niveau de l’aéroport Es-Sénia d’Oran.

En effet, Chakib Khelil a été reçu par le wali d’Oran, Abdelghani Zaalane, qui s’est entretenu avec lui, comme le montre les vidéos des chaînes de télévision privées algériennes, dans le salon d’honneur de l’aéroport.

L’information du retour de l’ancien ministre, réfugié aux USA depuis le début de ses ennuis avec la justice, a vite fait le tour de l’Algérie. Elle a suscité de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux et chez la classe politique algérienne. Tout le monde s’interroge sur le sort réservé aux mandats d’arrêts internationaux lancés contre lui en août 2013.

Selon plusieurs médias algériens, qui ne citent aucun responsable de la justice, ces mandats auraient été vite annulés sur décision politique. Selon le journal électronique Impact 24, Chakib Khelil « s’était rendu, en catimini à Alger en 2015, où il a rencontré  de hauts responsables de l’Etat ».

 

« Un non-lieu politique »

 

Ce retour confirme, selon les différents responsables politiques algériens, la volonté d’une réhabilitation politique de l’ancien ministre, considéré comme l’homme de confiance du président Bouteflika. Ce processus avait été lancé dès le début de l’année 2014, avec les déclarations du secrétaire général du FLN, Amar Saadani, qui accuse les services de renseignement (l’ex-DRS) d’avoir fomenté le dossier de l’affaire de corruption, dite Sonatrach II pour « salir l’ancien ministre » qui est, à ses yeux,  «intègre».

Le patron du FLN a multiplié depuis quelques jours les déclarations en appelant carrément à la réhabilitation de Chakib Khelil et tous les cadres « inculpés injustement depuis 1990 ». Et depuis hier, c’est chose faite.

Mais ce retour est, selon l’avocat Me Khaled Bourayou, « une preuve que la justice n’est pas indépendante ». « Dans cette affaire, il y a une inculpation judiciaire et un non-lieu politique. C’est à la justice qui a ouvert le dossier de décider de le fermer. Mais le fait que Chakib Khelil soit reçu par un wali de la république est une preuve que le politique a pris le dessus sur la justice, devenue un enjeu de la lutte des clans au sein du pouvoir », dénonce-t-il.

 

Yacine Ouchikh