Des enfants migrants à la rue à Marseille

 Des enfants migrants à la rue à Marseille

Illustration – Alberto PIZZOLI / AFP

La moitié des jeunes migrants non accompagnés à Marseille n’obtiennent pas le statut de mineur après des évaluations d’âge arbitraires, selon Human Rights Watch.

 

Dans un rapport, l’organisation de défense des droits humains dénonce des entretiens d’évaluations « rapides », souvent mal compris par le mineur étranger et ne tenant pas compte du « stress post-traumatique » qui touche « l’écrasante majorité » de ces jeunes après un périple périlleux. Human Rights Watch souligne que « ces décisions de refus de minorité sont annulées pour près de 75% de ceux qui déposent un recours » devant les juges.

 

Evaluations de minorité menées en collégialité

En janvier 2024, 150 enfants ne bénéficiaient plus de logement après une évaluation négative de leur âge. La plupart étant hébergés provisoirement par des associations et bénévoles, selon le rapport. Le département français des Bouches-du-Rhône ne fournit pas aux enfants migrants non accompagnés les protections dont ils ont besoin et auxquelles ils ont droit, accuse HRW.

Dans un courrier, l’association chargée par le département du premier accueil, l’ADDAP13, a répondu au rapport de Human Rights Watch avec des chiffres : en 2022, elle a hébergé 1 106 jeunes et procédé à 686 évaluations éducatives et sociales.

Concernant les évaluations de minorité, ADDAP13 affirme les mener « en collégialité par une équipe pluridisciplinaire » et dans « l’intérêt supérieur de l’enfant ».

 

Hébergements saturés

En 2021, la Défenseure des droits avait déjà accusé le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône d’ « atteinte aux droits » des mineurs étrangers. La France fait régulièrement l’objet de critiques pour le traitement réservé aux jeunes migrants.

Ces derniers mois, plusieurs départements ont annoncé des restrictions, comme le Vaucluse qui a fermé en novembre son service d’accueil, arguant d’une capacité d’hébergement à saturation.

L’Ain avait pris une décision similaire en novembre, suspendue par la justice un mois plus tard.  Le Gard, pourtant aussi mis en cause par des associations, a lancé « un appel à projets afin d’augmenter de plus de 50% ses capacités de mise à l’abri et d’évaluation », selon le conseil départemental.

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Chloé Juhel