Vos réactions à la situation de la gauche

 Vos réactions à la situation de la gauche

crédit photos : Denis Prevost /crowdspark.com/AFP-Nadia Medloub


Après un an à la tête de l’Etat, Emmanuel Macron fait face aux contestations et mouvements sociaux. Comment percevez-vous son action politique en comparaison avec celle de son prédécesseur, François Hollande ? Est-il, selon vous, resté fidèle aux valeurs de la gauche ? 


MARIA GABRIELA, 82 ans, retraitée



“Les valeurs de gauche sont liées au communisme”


 


“Avec la politique actuelle, c’est ma retraite qui a été diminuée, alors que le coût de la vie a augmenté. Pourtant, les retraités ne font pas d’excès, 1 300 euros par mois, ça ne représente pas grand-chose ! Là, on nous a retiré presque 100 euros. C’est énorme pour notre porte-monnaie. Avec la droite, nos pensions ont toujours suivi le coût de la vie et notre situation est restée convenable, alors qu’avec Hollande, nous n’avons bénéficié d’aucune hausse de revenus. Pour moi, les valeurs de la gauche sont liées au communisme, un système qui a fait son temps.”


 


SALIM, 32 ans, consultant



“La gauche n’est pas morte, mais nous entrons dans une nouvelle ère”


 


“Je vis à l’étranger (Pays-Bas), mais j’ai l’impression qu’Emmanuel Macron a bousculé les habitudes et la zone de confort dans laquelle nous avons vécu ces dernières années. Même si les revendications, comme celle des cheminots, dont le statut est menacé, sont légitimes au vu du monopole détenu par la compagnie ferroviaire, les réformes le sont tout autant et passent par des phases de transition. On assiste à un vrai changement de gouvernance par rapport au quinquennat précédent. Pour autant, je ne pense pas que la gauche soit morte, mais nous entrons dans une nouvelle ère, axée sur les réseaux sociaux, une communication de proximité, de nouvelles stratégies et un plan d’actions concrètes. Au-delà de sa couleur politique, Emmanuel Macron est un modèle à suivre : un jeune homme dynamique qui a su s’imposer dans le monde politique. Je me projetterais plus dans son attitude ou sa politique que dans celles de ses prédécesseurs…Il y a vraiment une rupture.”


 


CHLOÉ, 33 ans, chef de produit dans la mode



“Aujourd’hui, nous sommes dans une vision d’entreprise”


 


“Sous Hollande, la politique, plus classique, s’appuyait sur la communication de valeurs humaines fortes, et aujourd’hui nous sommes davantage dans une vision d’entreprise. C’est l’individu et moins le parti qui prime. Et puis nous vivons dans un pays contestataire où les changements prennent du temps. Mais les systèmes avantageux d’hier sont-ils bons pour demain ? Est-ce tenable en termes de budget ? J’ai grandi sous Mitterrand puis Chirac, à l’époque où les barrières politiques étaient plus marquées. Il n’y a plus de gauche, cela se joue entre, d’un côté, un énorme centre composé de carriéristes, et de l’autre, deux extrêmes opportunistes à droite et à gauche. Mais qui peut prétendre avoir une vision pour la France ? Plus que des valeurs de gauche ou de droite, c’est le projet d’un Etat démocratique qui doit être porté, vu l’importance des zones de conflits, la prégnance des régimes autoritaires dans certains pays qui nous entourent.”


 


PHILIPPE, 46 ans, conseiller dans la vente



“Nous avons enfin quelqu’un qui bouscule les lignes”


 


“François Hollande a été inexistant durant son quinquennat : il a tué la gauche ! Avant lui, Ségolène Royal s’était montrée plus ferme durant sa campagne. Malheureusement, avoir une femme au pouvoir, ce n’est pas encore dans notre état d’esprit. Aujourd’hui, la gauche n’existe plus, elle est représentée par la France insoumise mais qui va faire confiance à des frontistes ou à des anarchistes ? Les extrêmes en France ne fonctionnent pas. Cela fait vingt ans qu’on se pose les mêmes questions et que personne ne se décide à agir par peur de déplaire aux retraités, aux chômeurs, à la ménagère ou aux étudiants. Avec Emmanuel Macron, nous avons enfin quelqu’un qui bouscule les lignes. En revanche, sur le sujet des migrants, rien n’a bougé. Il y a un manque de courage pour affronter les porte-paroles des mouvements de la rue qui, à chaque fois, s’élèvent contre l’expulsion de migrants. Je pense qu’il ne veut pas faire trop de vagues et qu’il n’a pas l’accompagnement nécessaire.”


 


MARIANNE, 27 ans, ingénieure



“La solidarité est absente de la politique d’Emmanuel Macron”


 


“Avec Emmanuel Macron, c’est violent, nous ne sommes plus dans les valeurs de gauche. La solidarité, par exemple, est absente de sa politique. Il préfère accueillir des chercheurs étrangers dans l’optique d’une ouverture à l’international, alors que pour des étudiants comme moi, l’avenir semble précaire. Actuellement, j’ai un CDD de quatre mois et je vais gagner 1 800 euros brut avec un bac + 8, et c’est le mieux que je pouvais espérer. J’aimerais bien prédire que la gauche va rebondir lors des élections européennes, mais c’est difficile à envisager. Et puis, je ne sais même pas qui représente le PS maintenant. Cet hiver, des migrants s’étaient installés au fond du campus, avec l’aide d’associations étudiantes, et la présidence a décidé de les déloger. La fac n’étant pas vraiment politisée, la mobilisation a été faible. Cela est très représentatif de l’état de l’opinion :un certain manque d’intérêt généralisé.”


 


AÏDA 28 ans, en recherche d’emploi



“François Hollande a participé à la fin d’un cycle”


 


“Celui qui représentait encore la gauche, c’était Benoît Hamon, mais je pense que la politique menée par François Hollande a participé à la fin d’un cycle et à l’avènement d’une nouvelle génération d’hommes politiques comme Emmanuel Macron. Hollande a une responsabilité dans la situation politique actuelle. La priorité du gouvernement est plutôt de faciliter la situation des entreprises, de former l’élite des écoles d’ingénieur, de commerce, des finances, de soutenir les start-up, mais pas les filières universitaires. En fin de thèse, on se retrouve au chômage ou bien on enchaîne des contrats précaires. On ne peut pas faire progresser la France en s’appuyant sur une seule partie de la population issue de classes déjà aisées. Cela ne représente pas le socialisme, la gauche. Et je pense qu’on a encore besoin du PS”


 


La suite du dossier : 


Ils ont plombé la gauche


Macron un an de dévoiement libéral


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La rédaction