Fin des imams détachés dans les mosquées : entre autonomie et adaptation budgétaire

 Fin des imams détachés dans les mosquées : entre autonomie et adaptation budgétaire

Illustration: Grande Mosquée de Paris. Zakaria ABDELKAFI / AFP

Depuis hier (1er avril), les « imams détachés » désireux de continuer d’officier dans une mosquée devront désormais être salariés en France.

Etre salarié par le lieu de culte où il officie ou par l’association chargée de gérer celui-ci. Depuis hier, ce sont les seules conditions permettant aux imams détachés, déjà présents sur le territoire français, de continuer d’officier. Avec cette mesure, le gouvernement veut mettre fin à l’ancien système permettant à un imam, employé par un pays étranger, d’officier dans une mosquée française et réduire ainsi l’éventuelle influence de pays tiers.

Pour rappel, depuis le 1er janvier, les imams détachés, envoyés et rémunérés par un pays étranger, ne sont plus acceptés sur le sol français. En décembre dernier, Tariq Oubrou, grand imam de la mosquée de Bordeaux, se disait favorable à cette « étape nécessaire » : « C’est une étape vers l’autonomie de l’islam par rapport à l’ingérence politique et théologique des pays d’origines ».

Hausse des charges

Avec la mise en application de cette mesure, les mosquées seront confrontées à une difficulté budgétaire supplémentaire. « On fait une cotisation une fois par mois. Des fidèles donnent un don qui sert à payer les charges de la mosquée, factures d’électricité ou d’eau, par exemple. Ces charges-là vont donc naturellement augmenter si on prend l’imam en charge », expliquait hier sur France info, Abdallah Zekri, vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM). Une nouvelle charge qui sera plus difficile à assumer pour les petites structures.

Une « religion française »

Dans le cadre d’accords bilatéraux avec la France, environ 300 prédicateurs, soit quasiment 10% des ministres du culte musulman, envoyés et rémunérés par le Maroc, l’Algérie et la Turquie, étaient jusqu’ici sélectionnés et accueillis sur le territoire français.

Or, depuis le 1er janvier, l’accueil de nouveaux imams détachés est interdit dans l’Hexagone. En décembre dernier, Gerald Darmanin expliquait que cette initiative visait à « lutter contre l’idée que l’islam est une religion d’étrangers, pour des étrangers, financée par des étrangers ». Avant d’ajouter que l’Islam était bien « une religion française comme les autres ».

 

Charly Célinain