Mort de Naël. « Je n’ai pas à me désolidariser ou à être solidaire de mon collègue », Christophe Korell, policier

 Mort de Naël. « Je n’ai pas à me désolidariser ou à être solidaire de mon collègue », Christophe Korell, policier

Christophe Korell, policier, président de l’association « Agora des citoyens, de la police et de la justice (Acpj) ». Crédit photo : LouizArt – Fond : Façade brûlée de l’Hôtel de ville de Garges-lès-Gonesse, au nord de Paris, le 29 juin 2023, à la suite des émeutes qui ont éclaté deux jours après qu’un jeune homme de 17 ans a été abattu d’une balle dans la poitrine par la police, à bout portant à Nanterre, dans la banlieue ouest de Paris. Crédit photo : Bertrand GUAY / AFP

Christophe Korell est policier depuis 1997. Aujourd’hui, détaché au ministère de la Justice, il préside l’association « Agora des citoyens, de la police et de la justice (Acpj) ».  Une association qui tente de créer des espaces de dialogues entre la police et la population. Il revient pour le Courrier de l’Atlas sur la mort de Naël, abattu à Nanterre (92) par un policier, mardi 27 juin, après un refus d’obtempérer. 

LCDL : Naël, 17 ans, a été tué par un policier il y a deux jours. Que pensez-vous de cette affaire ? 

Christophe Korell : Je préfère ne pas prendre position, même si j’ai une pensée pour la famille de Naël qui vit une période très difficile. Nous avons des éléments partiels sur ce qui s’est passé. Il y a une enquête en cours, l’IPGN et les magistrats sont saisis. Attendons d’en savoir plus.

Certains demandent aux policiers de se désolidariser de leur collègue, responsable de la mort de Naël. Qu’en pensez-vous ?

En tirant sur Naël, le policier a dû prendre une décision en une fraction de seconde. Je n’ai pas à me désolidariser ou à être solidaire, comme l’ont fait certains syndicats de police, de mon collègue. C’est comme pour les attentats islamistes : on ne devrait pas demander aux musulmans de se désolidariser des terroristes. Ils ne sont pas responsables des agissements de certains qui parlent en leur nom. Et je vous le répète : j’attends les conclusions de l’enquête.

Pensez-vous qu’il faille remettre en cause la loi de 2017 (NDLR : elle permet aux policiers de tirer en cas de refus d’obtempérer) ?

Il faudra, quand les choses seront revenues au calme, se demander si cette loi a bien été utilisée et s’il faut l’abroger ou pas.

En France, en un an et demi, 13 personnes sont mortes après un refus d’obtempérer. En Allemagne, il n’y a eu qu’une seule victime en dix ans…

Il y a aussi en France un nombre exponentiel de refus d’obtempérer. Et connait-on le nombre de policiers blessés en Allemagne ? Une chose est sûre, c’est qu’il faut se demander pourquoi les refus d’obtempérer ont augmenté dans notre pays. Est-ce dû au permis à point ? Beaucoup de personnes en France perdent leur permis de conduire, ce qui pousse certains, – je ne dis pas que c’est normal -, à enfreindre la loi, pour aller travailler, etc. Il faudrait être moins répressif et faire plus de prévention. Parce que ce n’est pas la répression qui fait baisser la délinquance.

Le policier a été déféré ce jeudi. Il va être présenté à deux juges d’instruction en vue d’une inculpation pour homicide volontaire. Son placement en détention provisoire a été requis. Il devrait donc selon toute vraisemblance dormir en prison… 

Le magistrat décidera ou pas de placer le policier en détention provisoire. Il y a un trouble évident à l’ordre public, – nous venons de subir dans plusieurs villes de France des émeutes après la mort de Naël -, cela va sans doute jouer dans la décision du parquet de placer le policier en détention provisoire. Si c’est le cas, j’espère que cette décision calmera les esprits.

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Nadir Dendoune