Algérie. Marzouki a obtenu l’aval d’Alger pour l’organisation d’un sommet maghrébin

 Algérie. Marzouki a obtenu l’aval d’Alger pour l’organisation d’un sommet maghrébin

Le président tunisien Moncef Marzouki a été reçu par le chef de l’Etat algérien Abdelaziz Bouteflika qui lui a réservé un accueil fastueux. Photo Farouk Batiche / AFP.


Mission accomplie pour le président tunisien Moncef Marzouki : sa tournée maghrébine est couronnée par un retentissant exploit. Il a en effet réussi le pari de gagner à sa démarche tous les autres dirigeants maghrébins qui ont donné leur accord concernant la tenue d’un sommet maghrébin fin de l’année 2012.


C’est Moncef Marzouki lui-même qui a annoncé la bonne nouvelle hier soir dimanche lors d’une conférence de presse à Alger en assurant que ce sommet sera « sérieux » et ses résultats « palpables » pour les peuples de la région.


Il a précisé que cette importante rencontre se tiendra se tiendra probablement en Tunisie « après examen des dossiers par les Etats » pour que le sommet « revête une véritable valeur et pour ne pas accabler nos peuples en convoquant des réunions pour la forme ».


Un accueil officiel a par ailleurs été réservé à Moncef Marzouki à la présidence de la République où il a eu des entretiens – en tête-à-tête d’abord puis élargis aux membres des délégations des deux pays – avec son homologue algérien qui a tenu à offrir au Palais du Peuple à Alger un déjeuner en l’honneur de son illustre hôte tunisien.


N’ayant jamais caché son admiration pour la révolution algérienne, le président tunisien s’est rendu au sanctuaire des martyrs à Alger, pour se recueillir à la mémoire des martyrs de la guerre de libération nationale.


Il s’est aussi déplacé au cimetière El Ali pour se recueillir à la mémoire de son ami Youcef Fathallah, un des fondateurs et ancien président de la Ligue  algérienne des droits de l’homme (LADH), assassiné par les islamistes durant les années 90.


M. Marzouki a été aussi l’hôte du journal Echourouk, une façon de rendre hommage à la presse algérienne qui a soutenu, durant le règne de Benali, l’opposition tunisienne. Ceci pour la forme et la symbolique


Sur le fond, Moncef Marzouki a réitéré, sur le perron de la Présidence algérienne et face à Bouteflika, son ambition de redonner vie à une Union maghrébine moribonde.


Il a assuré qu’outre sa « dimension fraternelle», sa visite en Algérie revêt « une dimension politique », notamment en matière de « relance de l’Union du Maghreb arabe (UMA) ».


 


Avec la bénédiction de l’Algérie


Le président tunisien s’est dit satisfait du fait que son homologue algérien l’ait « rassuré quant à son attachement à ce projet ». « L’espoir est de mise pour la relance de cet espace maghrébin », a-t-il lancé.


Samedi 11 février déjà, une source diplomatique, citée par l’APS, a soutenu que la présente visite du chef de l’Etat tunisien constitue une « opportunité de concertation sur le processus de construction de l’UMA ».


La même source n’a pas manqué, toutefois, de rappeler que « l’Algérie a toujours été la première à appeler à la relance des institutions et des structures de l’union, y compris en pleine crise libyenne ». Ce discours ambivalent laisse croire qu’il y aurait un segment au sein du pouvoir algérien qui n’est pas trop chaud à l’idée de voir l’Algérie accompagner l’initiative du président tunisien.  


D’ailleurs, à la veille de son arrivée à Alger, le président tunisien a été pris pour cible par certains journaux algériens qui ont tourné en ridicule son ambition « démesurée » de remettre sur rails l’UMA.


N’empêche, droit dans ses bottes, M. Marzouki a réitéré, face à ses hôtes, sa volonté d’œuvrer à l’avènement d’un grand espace maghrébin. Pragmatique, M. Marzouki n’a pas manqué d’insister sur la nécessité de donner un coup de morse aux relations entre les deux pays, lesquelles, de son point de vue,« se consolideront à la faveur de cette visite qui permettra de renforcer les relations entre les peuples maghrébins ».


Il a aussi caressé dans le sens du poil l’égo algérien en se disant « ému » de fouler la terre du « pays de la révolution » dont, surenchérit-il, « nous chantions l’hymne national plus que le nôtre ».


                                                                                              Yacine Ouchikh




 

Yacine Ouchikh