France. Mobilisation pour une première journée nationale de l’immigration

 France. Mobilisation pour une première journée nationale de l’immigration

« Il y a 4 millions d’immigrés en France


Dimanche 8 avril à 15h place de la Bastille à Paris aura lieu un grand rassemblement pour demander l’institution d’une journée nationale de l’immigration et du vivre ensemble. Organisée par le collectif ACLEFEU et celui des Sans Étiquette, cette journée a pour but de mettre fin à la stigmatisation et de rappeler que la diversité est une richesse pour la France. (Photo AFP)




 


« Nous voulons mettre à plat l’Histoire pour commencer à repartir », déclare Kamel Amrioui, président des Sans Étiquette lors de la conférence de presse organisée ce jeudi matin. À ses côtés, Mohamed Mechmache, président du collectif ACLEFEU. Une fusion voulue pour répondre aux aprioris : « On nous reprochait de ne pas être capable de nous unir, on va démontrer le contraire », lance Kamel Amrioui.


Dimanche 8 avril, ils seront ensemble à la place de la Bastille pour « faire entendre leur voix ». Avec une question simple : « Pourquoi la République n’honore-t-elle toujours pas l’apport positif de ses immigrés ? ».


La journée sera festive avec de nombreux groupes, comme la fanfare invisible, dont les prestations seront entrecoupées de petits discours. Certains candidats sont également attendus. Mélenchon pourrait s’y rendre, tout comme Hollande qui avait déjà fait le déplacement au ministère de la crise des banlieues.


« On veut se faire entendre et pour cela, il faut se bouger et ne pas être dans l’attente », explique Mohamed Mechmache. Si pour le moment les retours sont positifs, il est trop tôt pour savoir si la mobilisation sera à la hauteur. Le temps lors d’un rendez-vous organisé en plein air peut avoir son importance. Mohamed Mechmache préfère positiver : « La marche pour l’égalité a démarré avec 5 personnes, arrivés sur Paris, elles étaient 100 000 ».


 


« Mettre fin à la stigmatisation »


« Il faut mettre en avant l’apport positif de l’immigration pour notre pays », déclare Kamel Amrioui. Avec un objectif, toucher le ministère de l’Education. Cette journée pour l’immigration pourrait « être une chance », surenchérit-il. « Il faut éduquer les générations futures en mettant à plat l’Histoire. L’apport de l’immigration ne doit plus être oublié », lance Kamel.


Mohamed Mechmache va plus loin et met les pieds dans le plat : « Ce qui s’est passé à Toulouse est une tragédie que nous condamnons. Mais on peut se demander si cette société, en continuant d’exclure une partie de la population, ne pousse pas certains à se tourner vers les extrêmes ? ».


Une chose est sûre, le discours de diabolisation des musulmans commence à vraiment « les énerver ». « Quand on veut se dédouaner, on pointe du doigt les faux coupables », assure Mohamed Mechmache avant d’approfondir sa réflexion : « En Norvège, après la tragédie, les autorités n’ont pas cherché des « faux coupables », ils ont préféré se demander ce qui dans leur société avait pu entraîner un tel déchaînement de violence ».


 


« Les choses sont en train de bouger »


Cette journée va permettre de relancer le débat sur la place des immigrés dans la société. « Vous trouvez normal qu’un tirailleur sénégalais touche une pension de 50€ par mois quand un Français touche 700€ ? », interroge-t-il.


« Dans les livres d’Histoire, il faut parler des autres Histoires », avance Kamel Amrioui. « Il y a 4 millions d’immigrés en France, est-ce que tous les problèmes sont de leur faute ? », s’interroge, agacé, Mohamed Mechmache.


La dynamique qui a commencé à s’enclencher continue sa route. Au plus près des quartiers populaires, Mohamed Mechmache sent « que les choses sont en train de bouger ». Le président d’ACLEFEU insiste, il faut que le taux d’abstention « soit le plus faible possible ». Les jeunes issus des quartiers « doivent voter pour permettre à leurs parents qui n’ont jamais eu ce droit, d’exister ».


La question de l’immigration et celle des quartiers populaires sont intimement liées. Voilà pourquoi les deux collectifs ont décidé de fusionner. « Nous avons des problématiques différentes, mais nous nous sommes retrouvés sur le même chemin », témoigne le président des Sans Étiquette.


Dimanche, il va falloir « faire entendre sa voix », annonce Mohamed Mechmache car « la France n’a pas une Histoire, elle a des Histoires ».


Jonathan Ardines




 

Jonathan Ardines