Droits de l’Homme : le bon élève tunisien au milieu du gué

 Droits de l’Homme : le bon élève tunisien au milieu du gué


La Tunisie, faisant figure de bon élève de la région en matière de droits humains, a pourtant encore d’importants progrès à faire en la matière. C’est ce que révèle le dernier rapport consacré par l’organisation Human Rights Watch (HRW) à la Tunisie. L’ONG y pointe notamment le ralentissement des réformes démocratiques et la persistance de vieilles pratiques portant atteintes aux droits et libertés.


« La réforme des lois répressives et la mise en place d’institutions clés pour protéger les droits humains se sont essoufflées en Tunisie » en 2018, indique d’entrée le rapport HRW. Le pays apparaît pourtant aux yeux de la communauté internationale comme le seul où les bouleversements du Printemps arabe ont permis une transition en douceur vers la démocratie. Le rapport souligne d’ailleurs que la Tunisie compte « divers médias indépendants pouvant travailler librement » et a tenu cette année ses premières élections municipales depuis la Révolution.


Mais, selon le rapport, l’amélioration enregistrée ces dernières années sur le front des réformes démocratiques s’enlise. Les autorités ont par exemple « continué à poursuivre des personnes qui s’étaient exprimées de façon jugée contraire à la “morale publique” ou aux “bonnes mœurs” ». De même, les procès de civils devant les tribunaux militaires se sont poursuivis, avec notamment la condamnation à plusieurs reprises du député Yassine Ayari pour des publications en ligne critiquant, relève le rapport de HRW.


Sur le volet institutionnel, le pays n’a toujours pas réussi à mettre en place plusieurs instances prévues par la Constitution de 2014, en particulier la Cour constitutionnelle. Par ailleurs, l’enthousiasme soulevé par les propositions avant-gardistes de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité, nommée par le président Béji Caïd Essebsi, telles que l’abolition de la peine de mort, l’égalité entre hommes et femmes dans l’héritage et l’élimination des lois basées sur la « moralité » n’ont toujours pas abouti à une révision de la législation.


Rached Cherif


 

Rached Cherif