Après l’Argentine, qui seront les pays à autoriser l’avortement ?

 Après l’Argentine, qui seront les pays à autoriser l’avortement ?

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Le mercredi 30 décembre, le Sénat argentin adoptait un texte légalisant l’IVG dans le pays. À l’échelle internationale, la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse est disparate. Retour sur les pays où l’avortement est totalement légal, soumis à conditions, ou prohibé complètement. 

D’après l’ONU, l’ONG GuttMacher et l’OMS, entre 2010 et 2014, 55.7 millions d’avortements ont eu lieu dans le monde, dont 25.5 millions non sécurisés, c’est-à-dire pratiqués par des personnes non qualifiées dans un environnement non conforme aux normes sanitaires, donnant lieu à 47.000 décès par an. Rappelons que ces chiffres ne comptabilisent pas les avortements clandestins. 

On distingue trois types de réactions dans le monde face à l’autorisation des interruptions volontaires de grossesse :

  • Les pays qui l’autorisent totalement et librement, jusqu’à un certain nombre de semaines de grossesse qui varie suivant les pays
  • Les pays qui l’autorisent mais avec des restrictions, c’est-à-dire soit que la femme a subi un viol ou un inceste, que la grossesse met en danger la vie de la mère, ou en cas de malformation du foetus 
  • Les pays qui l’interdisent totalement

Dépénalisation de l’avortement

Dans la première catégorie qui concerne 39.5% des femmes dans le monde, on trouve essentiellement les pays européens, d’Amérique du Nord, et d’Océanie, qui ont les législations les plus libérales, mais souvent acquises récemment. La Nouvelle-Zélande n’a dépénalisé l’avortement qu’en mars 2020. L’ensemble des Etats d’Australie n’a décriminalisé l’IVG qu’à la fin de l’année 2019. Quant à l’Irlande, ça n’est qu’en septembre 2018 que ce pays catholique a abrogé l’interdiction constitutionnelle de l’IVG. Généralement, l’IVG est autorisée jusqu’à 10 semaines, 18 semaines en Suède, jusqu’à 24 semaines aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. 

En France, la loi Veil du 17 janvier 1975 a légalisé l’IVG pour les femmes, avec un délai de 12 semaines de grossesse. En Afrique, trois pays seulement autorisent l’avortement : la Tunisie, le Malawi, et l’Afrique du Sud. L’avortement en Tunisie est légal depuis 1973, soit deux ans avant la France, à la demande de la femme, jusqu’à trois mois de grossesse. La Tunisie est, avec la Turquie et Bahreïn, l’un des seuls pays à majorité musulmane où l’IVG est légale.

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Quant aux Etats-Unis, l’avortement a été autorisé par un arrêt de la Cour suprême en 1973, mais les tentatives de son annulation restent féroces et les restrictions au droit à l’avortement ont été nombreuses au cours de l’histoire. Le débat a été relancé avec la campagne présidentielle, lorsque Joe Biden avançait son souhait d’une loi fédérale qui protégeait le droit à l’avortement, tandis que Trump se faisait le porte-parole des « pro-vie ».

En Asie, la Corée du Sud n’a que récemment adhéré à l’IVG, jusqu’à 14 semaines, tandis que la Chine est précurseur dans le domaine, compte tenu de sa politique de planification démographique.

En Argentine, ce n’est que dernièrement, le 30 décembre 2020, que le Sénat argentin a adopté la légalisation de l’IVG. D’autres pays en Amérique latine l’ont précédé, tels que Cuba, Uruguay, Guyana. Au Mexique, seuls la ville de Mexico et l’Etat mexicain d’Oaxaca l’ont dépénalisé. Jusque là, l’IVG était soumis à restriction.

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IVG sous conditions ou totalement criminalisé

C’est en Afrique, en Amérique latine, et au Moyen-Orient où on trouve le plus de pays qui restreignent l’avortement, tandis qu’une vingtaine d’entre eux l’interdisent totalement, dont  Congo, Egypte, Djibouti, Guinée Bissau, Madagascar, République démocratique du Congo, et Sénégal. L’OMS cite également le Salvador, le Nicaragua, le Suriname, Haïti, la République dominicaine sur le continent américain. En Asie, les Philippines, et en Océanie, les Iles Palaos.

Dans d’autres pays, l’IVG est autorisé uniquement en cas de danger pour la vie de la mère. Il s’agit de la Côte d’Ivoire, la Libye, l’Ouganda, le Soudan du sud, l’Irak, le Liban, la Syrie, l’Afghanistan, le Yémen, le Bangladesh, la Birmanie, le Sri Lanka, le Guatemela, le Paraguay, ou encore le Venezuela, le Brésil ou le Chili.

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Au Maroc, l’IVG est illégale à moins de justifier de la nécessité de sauvegarder la vie de la mère. Au début de l’année 2020, les groupes parlementaires ont finalement déposé les amendements au projet de loi relatif au code pénal pour l’autoriser en cas de viol, d’inceste, de malformations du fœtus ou de troubles mentaux de la mère. Une proposition de loi bloquée au Parlement depuis 4 ans.

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En 2018, l’Algérie a autorisé l’avortement sous certaines conditions : lorsque la santé de la mère et que sa vie ou son équilibre psychologique et mental sont en danger.

En Europe, Malte et le Vatican, où le catholicisme est religion d’Etat, sont les seuls pays qui prohibent totalement l’IVG. Des pays comme la Pologne, Andorre, Chypre et Saint-Marin, la restreignent drastiquement.

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Malika El Kettani