Arabesques. “Quand on a connu la galère, on se démerde avec ce qu’on a”, Nedjim Bouizzoul

 Arabesques. “Quand on a connu la galère, on se démerde avec ce qu’on a”, Nedjim  Bouizzoul

Le chanteur et guitariste Nedjim Bouizzoul, fondateur du groupe Labess, ici, au Festival de Carthage à Tunis, le 5 août 2022, se produit le dernier jour du Festival Arabesques, le 18 septembre 2022, à l’amphithéâtre d’O (Domaine d’O), à Montpellier. FETHI BELAID / AFP

Arabesques. Entretien avec Nedjim Bouizzoul, guitariste talentueux qui a monté le groupe Labess à Montréal en 2003 et qui, depuis, voyage à travers le monde en ajoutant de nouvelles sonorités dans ses morceaux, au gré de ses rencontres. “Yemma”, le dernier, sera joué sur la scène de l’amphithéâtre d’O, le 18 septembre. 

 

LCDL : Au début des années 2000, vous avez quitté l’Algérie pour vous installer avec votre famille au Québec. Pourquoi ce choix ? 

Nedjim Bouizzoul : On a émigré en 2003 avec ma mère et mes deux petites sœurs, après le décès de notre père. Nous voulions commencer une nouvelle vie après la “décennie noire” et mes parents avaient quelques amis au Québec. Le choc culturel et climatique a été difficile. Il nous a fallu un an pour s’adapter, se faire un entourage et s’acclimater.

Comment vous êtes-vous initié à la musique ? 

J’ai toujours grandi avec, mon père était guitariste bassiste, également ingénieur en informatique. J’ai été bercé par le rock, les Pink Floyd, Bob Dylan et les chansons françaises. Puis j’ai découvert le flamenco. Ensuite, j’ai fait partie d’un groupe qui s’appelait Fiesta Dey (puis El Dey), où je chantonnais et jouais de la guitare.

Qu’avez-vous fait en arrivant au Canada ?

Au Québec, j’ai commencé ma carrière dans le métro. Grâce au bouche-à-oreille, j’ai pu m’acheter ma première vraie guitare, l’ancienne était vraiment dans un sale état. Et la chance du débutant m’a aidé : j’avais enregistré une démo de quatre titres que les radios ont décidé de passer. Puis j’ai sorti mon premier album, Tout va bien, qui a cartonné là-bas. Il a même été nominé à leurs Victoires de la musique.

Vous avez monté le groupe Labess qui a beaucoup tourné et s’est étoffé au fil des années … 

Labess sonne comme une aventure musicale, avec des gens qui arrivent, qui apportent quelque chose et qui repartent.  Nous avons beaucoup joué, notamment aux Francofolies de Montréal. J’ai énormément voyagé et, à chaque fois, je montais des groupes. Selon les pays, j’ajoutais quelque chose à mon groupe. En Colombie, où j’ai passé une année, c’était Labess et la bande de Barranquilla. Ça fait bizarre de le dire, mais Labess c’est moi. Et au fur et à mesure, j’inclus des gens rencontrés lors de mes voyages.

Votre quatrième et dernier album, Yemma, a cette touche colombienne. Il n’a pas été trop compliqué à réaliser durant l’épidémie de la Covid ? 

Après mon séjour en Colombie, je suis venu en France, où je vis depuis six ans désormais. J’avais très envie de défendre ce projet, mais nous étions trop nombreux (13) et ça m’a un peu découragé. Heureusement, un ami, Simon Demouveaux, m’a aidé à réfléchir à ce qu’on pouvait faire ou non. En plein dans l Covid, ça n’a pas été simple, mais on a enregistré les basiques en France, on les a envoyés aux autres membres et ils ont bien joué le jeu. Je suis hyper content du rendu.

Après deux années difficiles, vous reprenez la route des festivals, avec Arabesques en septembre. Est-ce un soulagement ? 

Bien sûr, j’ai hâte de défendre cet album sur scène, notamment à Arabesques où je viens pour la première fois. Le Covid ne m’a pas impacté tant que ça, l’avantage d’avoir vécu dans la galère, c’est qu’on se démerde avec ce que l’on a. Ce qui m’a touché, c’est d’entendre que les musiciens étaient “non essentiels”. J’ai dû annuler une trentaine de dates à cause du passe sanitaire. Pour le reste, je me débrouille. Aujourd’hui, je vis dans une yourte au milieu de la pampa en Bretagne. J’ai hâte de refaire des concerts. Mon rêve serait d’emmener tous les musiciens qui ont traversé ma carrière sur scène, on serait au moins une trentaine.

Festival Arabesques – Nedjim Bouizzoul : le 18 septembre 2022, à l’amphithéâtre d’O (Domaine d’O), à Montpellier. 

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Jonathan Ardines