Le gouvernement veut légitimer le « contrôle au faciès » selon des associations

 Le gouvernement veut légitimer le « contrôle au faciès » selon des associations

Une nouvelle loi pour renforcer les contrôles dans les transports devrait être débattue d’ici à la fin de l’année. Sebastien Nogier/AFP


Le gouvernement veut faire voter d’ici à la fin de l’année une loi pour renforcer les contrôles de sécurité dans les transports par le recours à des agents de sécurité privés. Une loi qui va, selon le Collectif Stop le Contrôle au Faciès, conduire à « l’humiliation quotidienne de milliers de citoyens n’ayant rien à se reprocher ». D’autant plus que le gouvernement vient de se pourvoir en cassation après avoir fait l’objet d’une condamnation inédite pour contrôle au faciès.


 


Renforcement de la sécurité à quel prix ?


Ces agents de sécurité, qui ne seront donc pas des policiers ou des gendarmes, pourront même être armés selon les départements. C’est ce qu’a annoncé le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve entre autres mesures pour renforcer la sécurité dans les transports à la suite de l’attaque manquée du Thalys en aout dernier. Dans un communiqué, le Collectif Stop le Contrôle au Faciès estime que le gouvernement va à l’encontre des valeurs de gauche mises en avant dans le programme de François Hollande notamment et encourage les forces de l’ordre et leurs auxiliaires à pratiquer le contrôle au faciès.


Une impression que confirme le récent pourvoi en cassation de l’État – à la demande du ministère de l’Intérieur – après sa condamnation en juin par la cour d’appel de Paris pour « faute lourde » dans cinq cas de « contrôle au faciès ». Par cette politique, « ce n’est pas la politique de reçu du contrôle d'identité – inévitable à terme – que le gouvernement finit d’enterrer par ces annonces : c'est le Parti Socialiste », s’indigne le collectif.


 


La gauche en perte de valeur


Quelques jours après l’attentant du Thalys Amsterdam-Paris, le secrétaire d’État aux Transports, Alain Vidalies, n’a-t-il pas trouvé normal « qu'on discrimine pour être efficace, plutôt que de rester spectateur » lorsqu’on lui a fait remarquer que les contrôles aléatoires dans les transports risquaient de se faire au faciès des passagers. « C'est cette mesure-là aujourd'hui qui est la plus efficace », avait-il ajouté.


« Face aux contrôles abusifs, les associations du Collectif encouragent les citoyens à renforcer leur vigilance », explique le communiqué, qui rappelle qu’il suffit d’un SMS au 07 60 19 33 81 pour faire un signalement. C’est cette plateforme de juristes qui a conduit à la récente condamnation de l’État pour contrôle abusif. Le collectif diffuse également des outils de sensibilisation, des guides pour filmer les situations à risque et des repères juridiques.


Les signataires en appellent aux parlementaires pour « adopter toutes les mesures nécessaires pour mettre un terme à ces dérives graves ». « Le gouvernement se trompe de combat. Pour éviter que les citoyens en paient le prix fort, les associations font leur part du travail. Qu’en sera-t-il des politiques ? », conclut le collectif.


Rached Cherif

Rached Cherif