Mechichi: « Le Covid-19 impactera l’économie tunisienne pendant 2 ans »

 Mechichi: « Le Covid-19 impactera l’économie tunisienne pendant 2 ans »

Entré en fonction depuis septembre 2020, Mechichi doit composer avec une cohabitation avec Carthage

Le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, a tenu une conférence de presse ce mardi 3 novembre pour tenter d’apaiser les esprits quant à la situation économique du pays. Se voulant pragmatique, il a cependant estimé que la pandémie de Covid-19 impactera encore de plein fouet l’économie nationale au moins durant les deux ans à venir.

Mechichi explique ainsi sans détour que l’Etat rencontre en cette phase des difficultés financières telles, que certaines entreprises qui collaborent avec des institutions publiques font face à des cessations de paiement et des chèques impayés pouvant parfois les conduire à case prison. Evoquant une crise héritée des gouvernements qui l’ont précédé, il a reconnu que l’Etat n’est momentanément plus en mesure de payer certaines dettes.

Sortant d’une réunion avec des experts et ses conseillers économiques, le chef de l’exécutif a argué que l’ampleur de l’impasse situation socio-économique était le résultat d’un cumul de plusieurs années d’orthodoxie économique et de modèle de développement qui a conduit le pays à une récession avant même l’avènement de la pandémie de Coronavirus.

 

Souci de volontarisme et de transparence

« Le déclic fut pour nous la prochaine loi de finances complémentaire », a expliqué Hichem Mechichi qui a assuré que le gouvernement avait présenté des chiffres « en toute transparence », de sorte de n’occulter aucun aspect de la crise. « Cela dit pour apaiser les esprits, nous allons devoir réexaminer les chiffres que nous avons présentés dans la loi de finances complémentaire et essayer de faire pression sur certaines dépenses », s’est-il justifié, notant au passage que n’endiguera pas la gravité du déficit budgétaire pour autant.

Mechichi ensuite martelé la nécessité d’engager de nouvelles concertations avec la Banque centrale de Tunisie (BCT). L’institution souveraine avait pour rappel refusé récemment dans un premier temps de contribuer à endiguer le déficit budgétaire en injectant des fonds dans les caisses de l’Etat. En cela cette sortie surprise du chef du gouvernement vient sans doute en guise de réponse et de pression indirecte face à la rigidité de la BCT, au moment où certains pays occidentaux ont dû revoir les lois régissant leurs banques centrales respectives, de sorte de leur permettre davantage d’interventionnisme.

>> Lire aussi : En Tunisie, la BCT rechigne au financement du déficit budgétaire

« La Banque centrale aura un rôle positif dans le financement de ce déficit et qui, in fine, ne dépassera pas les trois milliards de dinars », a-t-il tempéré, plutôt optimiste, soulignant que son gouvernement comptait sur « la compréhension de tous les acteurs financiers pour assurer la pérennité de l’économie nationale ». Il a néanmoins nié que l’Etat soit en faillite, considérant que « parler de faillite est irresponsable ». « Nous avons trouvé des solutions innovantes pour remédier à la situation via l’intervention de la Banque centrale sur les bons de trésor ».

 

« Tolérance 0 » face aux blocages des grèves sauvages

« Soyons positifs, arrêtons l’hémorragie et focalisons-nous sur ce qui profite aux Tunisiens, notamment le retour à la valeur travail, méprisée depuis trop longtemps dans notre pays », a regretté Mechichi.

Il a averti à cet égard que le gouvernement ne tolérerait plus la suspension de production dans certains secteurs, notamment pétrolier, le blocage des routes sous quelque motif que ce soit. « L’arrêt de la production de pétrole résulte en une privation de revenus pour le peuple tunisien. Or celui-ci revendique de plein droit de pouvoir bénéficier des retombées de ses ressources naturelles », a-t-il mis en garde.

Une allusion claire aux interminables protestations dans la région du Kamour au sud du pays, un dossier sur lequel une partie de l’opinion lui reproche justement une certaine clémence. Il a assuré que l’Etat avait largement avancé dans les négociations avec les parties sociales soulignant toutefois que l’arrêt de la production ne saurait perdurer davantage. « Nous passerons à l’application de la loi et nous imposerons l’autorité de l’Etat », a-t-il lancé.

Mechichi a enfin fait savoir qu’il avait signé un arrêté afin de pallier les blocages bureaucratiques au niveau des achats nécessaire à la lutte contre la pandémie Covid-19. Selon les dernières estimations, la Tunisie réceptionnera ses premières doses de vaccins anti Covid (250 mille doses) au mois de mars 2021.

Seif Soudani