Algérie – Une mosquée « Made in China »

 Algérie – Une mosquée « Made in China »

Maquette de la grande mosquée d’Alger. Il a fallu plus de 5 ans de gestation pour que le projet de la mosquée d’Alger puisse enfin voir le jour. Photo AFP.

Folie des grandeurs, folie dépensière ou folie tout court ? Le président Bouteflika s’offre la troisième plus grande mosquée au monde pour la somme astronomique de 1,4 milliards de dollars !

Pour certains, ce gigantesque édifice religieux est conçu pour donner la réplique et surtout damer le pion à la Mosquée Hassan II de Casablanca. Pour d’autres, avec ce mégaprojet, le chef de l’Etat algérien veut laisser son empreinte dans l’histoire et son nom à la postérité.

Le caprice présidentiel n’ayant pas de prix, les critiques acerbes essuyées par le projet, pour son coût comme pour le choix du terrain de son implantation (il serait traversé par une faille sismique), ont été vite balayées.

Un projet qui tarde à se concrétiser

Il a fallu tout de même plus de 5 ans de gestation pour que le projet puisse enfin voir le jour. Mardi 18 octobre, une cérémonie de présentation du projet et de la maquette de la Grande mosquée d’Alger (Djemaâ El Djazair) a été organisée au palais du peuple à Alger en l’honneur du président Bouteflika et en présence de plusieurs membres du gouvernement dont son chef Ahmed Ouyahia.

Pour rappel, le plan d’urbanisme du projet a été confié au cabinet canadien d’architecture Dassau Soprin alors que le bureau d’études allemand Krebs und Kiefer s’est adjugée l’étude technique.

Pour la réalisation de ce mastodonte, trois prétendants sont en lice : d’abord,  le groupement libano-italien (Arabian Construction Company-Astaldi) avec une offre financière de  2,18 milliards d’euros et un délai de réalisation de 42 mois. Ensuite, le groupement algéro-espagnol (Cosider-ETRHB-FCC Construction) qui a fait une proposition de 1,3 milliards d’euros et un délai de réalisation de 44 mois. Enfin, l’entreprise chinoise China State construction ENRG (CSCEC) qui a fait une offre de 1 milliards d’euros pour un délai de réalisation de 48 mois.

Le casse-tête chinois

Le lendemain le verdict tombe : ce sont les Chinois qui ont décroché la timbale. A l’évidence, le coût financier du projet a été le plus déterminant dans ce choix qui a ignoré le critère de la préférence nationale sur lequel misait le groupement algéro-espagnol.

Pourtant, nombre de projets décrochés auparavant par les entreprises chinoises ont connus des retards dans leur réalisation et, bien évidemment, des surcoûts. Pis, la fameuse autoroute est-ouest, attribuée aux chinois, a été émaillée d’un retentissant scandale financier. Aussi, d’aucuns ne manqueront pas de se poser des questions sur la justesse de ce choix.

En tout état de cause, les Chinois auront du pain sur la planche. En plus de son minaret de plus de trois cent mètres de hauteur, la grande mosquée s’étendra sur une superficie de 20 ha dans la commune de Mohammadia, à un jet de la baie d’Alger.

D’une capacité de 120 000 fidèles, ce lieu du culte sera doté aussi de plusieurs structures (une salle de conférences, un musée d’art et d’histoire islamiques, un centre de recherches sur l’histoire de l’Algérie, une Maison du Coran d’une capacité d’accueil de 300 places pédagogiques pour les étudiants en post-graduation, un centre culturel islamique, un centre d’exposition, des bibliothèques, des salles dotées de moyens multimédias, un parking de 6.000 places, de locaux commerciaux, un restaurant…).

Yacine Ouchikh

Yacine Ouchikh